CHAPITRE CVII - L'ENFANT MAUDIT ET LE DRAGON CÉLESTE

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Jun rangea sa gourde, déjà vide, et essuya la goutte d'eau qui lui avait coulé sur le menton. Depuis l'aube, les forces Nord avançaient sur la jungle sans relâche, mais l'épuisement des troupes se faisait déjà sentir. Toute la nuit, ils avaient repoussé les assauts des guerriers Powathis. Si les trois membres de l'équipe A avaient tout fait pour neutraliser leurs adversaires sans les blesser, ce n'était pas le cas de la contre-amirale Mighi. Il fallait la voir, avec ses yeux de serpent, bondir sur les ennemis et les éventrer comme s'il s'agissait de proies... Le combat avait été terrible. Maintenant, la chaleur était écrasante. Ils étaient épuisés.

La seule lueur d'espoir qui demeurait dans l'esprit de Jun, Haru et Jorge était la capture du chef powath par leur capitaine, Arthur. Alors que l'aube commençait à poindre, il les avait contactés par escargophone et leur avait exposé la suite de son plan : une relation de confiance s'était créée avec Kegaro le lion rouge, sur qui ils pouvaient désormais compter dans leur lutte secrète contre Edouard. Toutefois, Haru demeurait méfiante et ne s'était pas privée de jouer les pessimistes.

- On ne sait pas si l'on peut vraiment faire confiance à cet homme, avait-elle dit dès qu'elle avait appris la nouvelle. C'est un prisonnier, il dira ce qu'il faudra pour se libérer !

Si Jun rejoignait l'opinion de sa camarade, Jorge ne cessait quant à lui de répéter, comme un mantra :

- Il faut faire confiance à Arthur. Si Arthur lui fait confiance, je lui fais confiance.

Pour l'heure, l'objectif était de rejoindre la cité powath dès que possible pour y retrouver les forces Sud. Mais un obstacle imprévu venait retarder la progression des deux autres groupes : au Nord de l'île, jusqu'en son centre, la jungle était traversée d'une chaîne montagneuse basse mais particulièrement escarpée, que tous s'étaient étonnés de voir puisqu'elle ne figurait pas sur la carte rudimentaire qu'Edouard leur avait présentée. Il fallait se rendre à l'évidence : cette expédition en urgence était dangereuse et la connaissance que le monde avait de Mukata était bien trop superficielle...

Tandis qu'elle voyait un soldat chuter et rouler le long de la montagne, entraînant deux autres avec lui, Mighi ne put s'empêcher de soupirer longuement.

- On n'est pas arrivés... souffla-t-elle à ses gardes avec un air épuisé.

Jun, Haru et Jorge gardaient leurs distances avec cette femme, une arriviste aux dents longues qui ne souhaitait qu'une chose : être bien vue de l'amiral et obtenir une bonne place dans sa nouvelle organisation. Ils n'avaient aucune confiance en elle. Déterminés, ils se concentraient plutôt sur le plan d'Arthur et ne perdaient pas de vue leurs véritables objectifs.

...

La carte qu'Edouard avait présentée à ses officiers avait été grossièrement dessinée par ses éclaireurs, à partir de leurs observations et des quelques bribes d'information qu'ils avaient pu glaner dans de vieux manuels de géographie. En réalité, elle présentait de nombreux défauts.

Tout d'abord, elle ne faisait pas mention de la chaîne de montagne qui traversait la jungle du Nord jusqu'au centre, que les Powathis nommaient « Gandorrian » et qui, en ces circonstances, avait tout d'un terrible obstacle. Ensuite, la cité powath, bien que située à l'Est de l'île comme mentionné sur la carte, était en réalité beaucoup moins centrée et se trouvait davantage dans la partie Sud-Est, au sommet de hautes falaises très escarpées. Ces deux erreurs avaient permis aux forces Sud d'atteindre la cité de leurs adversaires bien plus tôt que prévu, et bien avant les autres groupes.

Suite à leur accord secret, Kegaro avait accepté de guider Arthur, mais aussi Kabber et ses hommes à travers la jungle en empruntant le chemin le plus rapide.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant