Prologue

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"Peux-tu me passer le sel ?

- Avec plaisir, tiens !
- Y'a encore du pain ?
- J'peux avoir du poulet ?
- Encore des tomates ? »

Repas amical et familial dans le jardin, par cette belle journée d'été. Pas un nuage dans le ciel, et un soleil ... un soleil BRULANT !
Malgré la chaleur, sous la tonnelle autour de la grande table en teck, tous les convives mangent avec appétit et les discussions vont bon train.
Il fait tellement chaud que la nature elle-même donne l'impression de "vivre au ralenti" : les oiseaux se perchent à l'ombre, les animaux recherchent la fraîcheur, ...
Seuls les insectes sont actifs. Les cigales chantent leurs mélodies, les papillons volent de fleurs en fleurs, les abeilles et compagnie butinent sans cesse, les fourmis, comme toujours, sont en quête de nourriture, et pour finir, on peut observer la valse incessante des mouches et guêpes autour des plats...

Philippe Lamcken observe, amusé, ses convives combattre avec acharnement ces "invités" indésirables. Afin de se dégourdir les jambes, il laisse là ses hôtes et part faire quelques pas dans le jardin. Il se sent bien malgré la chaleur. Après quelques minutes, il remarque, posé sur les tournesols du jardin, un insecte qui lui semble être un frelon. Poussé par la curiosité , il s'avance avec précaution... À son approche, l'insecte s'envole aussitôt pour se poser un peu plus loin.
"Bizarre ..., pense-t-il. Trop gros pour être un frelon, et ce n'est ni une guêpe, ni une abeille ... "

"Alors Fifi, on plane ?"
Sursautant, il se retourne et prend la bière qu'on lui tend.
"Merci, lance-t-il alors. Dis René, regarde cette bestiole, c'est quoi d'après toi ?"
René Genion, retraité depuis peu et bon vivant, après avoir porté sa bière aux lèvres, regarde ébahi l'insecte qui s'envole de nouveau.
"J'en sais rien Fifi, c'est toi le passionné d'entomologie, pas moi. Mais si tu veux j'peux l'écrabouiller... Enfin j'peux essayer !
- J'rigole pas René. J'ai jamais vu un truc pareil. T'imagines si on a découvert une nouvelle espèce ?"
René le regarde avec sérieux, boit une gorgée... Et éclate d'un rire sonore...
"Ahahahah, ah ouais !!! La Mouche de Fifi, la fimouche... T'as forcé sur la bibine gamin, laisse tomber. C'est une "drôle de mouche" voilà tout. Allez viens on nous propose une belote."
Philippe éclate de rire à son tour.
"Tu as raison. Allez on y va !"
Il emboîte le pas de son ami, sans pour autant quitter l'insecte des yeux.
"Enfin... La fimouche... Ça aurait été sympa ..." pense-t-il.

Il est plus de 22 heures, tous les invités sont partis.
Philippe s'installe confortablement dans la balancelle du jardin, pour profiter de la douceur du soir. Bien malgré lui, il repense à cet insecte.

Son épouse s'approche de lui :
"Une petite place pour une femme délaissée ? lance-t-elle avec humour.
- Hummm je sais pas".
Elle l'embrasse tendrement et se blottit contre lui.
"Tu es tout pensif, quelque chose te tracasse ??".
Il la regarde avec un sourire.
"Tu me connais bien, n'est ce pas !"
Fabienne, celle dont il est tombé amoureux, depuis... Quand déjà ? Peu importe ; à ses yeux, c'est comme si leur rencontre datait d'hier.
"Quelle journée. J'ai passé un moment très agréable, dit-il. Sauf à la belote où j'ai pris une raclée.
- C'est ça qui te tracasse ? lui répond Fabienne. Pourtant tu sais que René triche aux cartes.
- Justement ! Moi aussi ! Mais non, ce n'est pas ça.
- Cet après-midi je vous ai vu en train de rire de bon cœur. Histoire cochonne sans doute ?
- Perdu, se moque Philippe en mimant l'appui sur un gros bouton imaginaire.
- Eh bien qu'est ce qui te chagrine à ce point ?"
Il lui raconte ce qu'il s'est passé dans le jardin. Son épouse l'écoute avec attention. Elle a envie de rire mais se retient pour ne pas le vexer.
"Sacré René ! Toujours le mot pour rire, dit-elle en luttant pour garder son sérieux. Pourquoi ne pas consulter tes bouquins, peut-être auras-tu la réponse ?
- Je l'ai déjà fait et rien ne correspond... À croire que cet insecte n'existe que dans notre jardin !
- Pourquoi "cet" ? Tu en as vu combien ?
- Un et un seul. Peut-être que c'est une "erreur" de Mère Nature.
- Tu ne penses pas qu'il pourrait y en avoir plusieurs ?
- Un essaim ? J'en sais rien. Possible, je n'ai aucune réponse."
Il la regarde et, lui murmure, tout en la serrant contre lui "Tu sais je t'aime", ceà quoi lui répond Fabienne "Tu sais moi aussi". Ils restent ainsi quelques minutes à contempler le ciel.
"On est bien, non ?
- Oui mais je commence à avoir un peu froid... On rentre ?
- Comme tu veux..."

Les Gardiens Invisibles - Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant