Chapitre 23: L'espion

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— Oh ! Dieu merci ! Je ne suis pas seul ! Comment avez-vous fait ? Vous vous êtes échappés ? cria une longue silhouette hirsute.

— Théo ?

— Ben oui ? Quoi ? On dirait que t'as vu le diable Mélia !

La jeune fille avait placé une main sur sa bouche pour maîtriser sa surprise. Elle s'élança à la rencontre de son ami qu'elle serra fort dans ses bras. Puis, elle s'écarta et le contempla, le regard interrogateur.

— Tes cheveux ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Ouais ! T'as vu ? Je vais encore me faire engueuler par ma mère !

Théo, en plus d'être complètement décoiffé, arborait une deuxième mèche blanche qu'il avait vainement essayé de cacher en la faisant tenir derrière son oreille droite.

— Tu vas faire concurrence à Maître Lux, se moqua Cid. Viens là mon pote, suis trop content de te voir.

Les deux amis s'étreignirent rapidement.

— Alors ! Comment vous avez fait pour vous en sortir ? demanda Théo. C'est allé si vite. J'ai rien vu faire.

Kazuhisa, resté un peu en retrait avec Mélanie, fronça les sourcils et s'agaça :

— Non, non, vous n'êtes pas en sécurité pour parler ici. Faire confiance, suivez-moi !

Il les mena vers la petite cabane. Après un bref regard aux alentours, il déverrouilla prestement le cadenas numérique qui retenait une lourde chaine coincée dans la poignée de la porte. À l'intérieur, une forte odeur de foin et quelques mouches les accueillirent. Kazuhisa verrouilla le cadenas après leur entrée et fit signe à ses compagnons d'infortune de le suivre. Il faisait sombre, la cabane était toute petite. Aussi Mélia et ses amis ne comprirent pas pourquoi le petit japonais allait se coincer entre deux bottes de foin contre le mur en bois aggloméré.

— Tu vas où comme ça ?

Mais Kazuhisa, un sourire en coin, fit mine de ne pas entendre et s'évertua à dégager la paille sur une petite surface du plancher. Il découvrit un gros anneau usé sur lequel il tira. Une trappe s'ouvrit sur un petit escalier. Le jeune garçon s'empara d'une lampe torche pendue à un clou et descendit les quelques marches branlantes qui le menèrent dans une petite pièce douillette.

Il ajusta deux coussins sur un canapé en tissu, s'assit sur une chaise et interpella le reste du groupe.

— Vous venez ? Je vous invite dans ma cachette.

Les jeunes européens découvrirent alors le monde secret de Kazuhisa. Un petit studio sans électricité, éclairé à la bougie, composé d'un lit couvert d'un édredon rouge, d'une table en bois agrémenté de deux chaises, d'un canapé et d'un fauteuil assorti. Il y avait aussi un paravent qui cachait une serviette de toilette, un savon et trois seaux d'eau.

Sur une étagère, une casserole cabossée, deux assiettes, trois verres et quelques couverts reposaient à côté d'une boite de biscottes, d'un litre d'eau et une dizaine de sachets contenant des légumes déshydratés. Un réchaud à gaz de camping occupait le centre de la table.

— Voilà, c'est ma maison. Vous êtes mes invités ! annonça-t-il joyeusement devant la mine toujours éberluée de ses compagnons.

— Tu vis là ? demanda Mélia, circonspecte.

— Je me cache là quand les autorités cherchent moi ! Ghiza n'a pas le droit de s'occuper de moi, elle est trop vieille, qu'ils disent. Alors je devrais aller dans une famille d'accueil, mais je veux pas ! Ghiza non plus ! Belle cachette ici !

Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant