Chapitre 3 : Il n'aurait peut-être pas dû y aller.

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Les mots délicatement écrits sur le post-it jaune tournent en boucle à l'intérieur de mon crâne.
« Ceci n'est pas une blague. J'ai vraiment réussi à tomber sous ton charme. »
J'ai gardé le premier mot, il doit traîner au fond de mon sac, ou peut-être sur mon bureau, mais je suis certain de ne pas l'avoir jeté ou même perdu. Je vais aussi garder le troisième, et les autres s'il y en a. Je pense plutôt que tout ça n'est qu'une blague de mauvais goût, mais bon, j'aime me créer des illusions en imaginant quelqu'un qui me surveille sans que je ne le sache. Ou alors, c'est une fille en manque de sexe, qui sait ?
Eleanor me tire de mes pensées en me gueulant dans les oreilles. Chose qui, je l'avoue, m'énerve profondément. Cette histoire me perturbe pas mal, du moins de plus en plus et j'aurais apprécié qu'elle me laisse tranquille quand j'y pense. Mais bon, elle n'est pas dans ma tête, et tant mieux. Je n'ai pas envie qu'elle ou qui que ce soit soit au courant des mots... ça ne les regarde pas, après tout.

- Harry, tu es dans la lune depuis ce matin !
- Rien Nick, rien. Je suis juste dans mes pensées, c'est tout.
- Et à quoi tu penses ?
- Rien, rien.
- Arrête avec tes riens, tu penses bien à quelque chose de particulier ! Eleanor ?
- Ouais, ouais c'est elle.
- Ah d'accord. Bon, je dois te laisser mec. Il faut que je rentre chez moi. À demain !

Je lui fais une poignée de main, et reste seul, assis sur l'herbe du parc où j'ai maintenant l'habitude d'aller. Je tourne la tête, et vois ce garçon, Zayn il me semble, celui que la professeur d'anglais a obligé de se mettre à mes côtés.
Je me rappelle avoir été avec lui en primaire, et nos chemins se sont séparés au collège puisqu'il a dû déménager, pour en fin de compte revenir à Londres quelques années plus tard et aller dans le même lycée que moi. Je n'ai jamais été lui parler vraiment, ou seulement quelques mots cette année histoire de lui demander une feuille, ou quelque chose du genre, mais ça s'arrête là. Pas la grande amitié, quoi.
Soudain, je sens une vibration venant de mon téléphone. Je vois que c'est Nick, comme quoi il organise une fête ce soir et il veut que je vienne. Ça fait longtemps qu'il n'en a pas fait, d'ailleurs. Avant, je me rappelle qu'il en faisait minimum une et maximum trois par semaine. Ce sont toujours des fêtes stupides qui finissent très souvent mal, mais ça nous amuse. Un verre de vodka suivi d'un rail de coke, et on oubliait tous nos problèmes en s'amusant. Et justement, je veux y aller. Je veux arrêter de me demander si sortir avec Eleanor est une bonne idée, cesser de penser à mes parents, et surtout, surtout, stopper de songer à cette histoire de mot dans mon casier.

* * *

La musique bât son plein, les verres de vodka défilent, les rails de coke s'enchaînent, les salives se goûtent, les corps se collent,... bref, je suis à la fête de Nick depuis maintenant 2, ou peut-être 3h.
Je regarde ma montre, et 00:42 s'affiche. « Rentre à la maison te coucher ! » me dit la meilleure partie de moi. « Reste, on s'en fout d'après. Profite, tu es jeune. » me chuchote la mauvaise partie de moi. Et évidemment, j'écoute le petit démon enfoui à l'intérieur de moi.

* * *

Je me réveille à cause d'un stupide rayon de soleil cloîtré sur mon visage, qui ne voulait pas en bouger. Dès que mon cerveau se met bien en place, et que je m'appuie sur les coudes, ma tête me fait signe de rester allongé en me faisant un mal de chien. On est mercredi, et heureusement, je ne commence qu'à 11h aujourd'hui. Mais le problème, c'est que je ne sais pas où je suis, quelle heure il est, et... et qui est cette fille rousse allongée à côté de moi. Je me demande ce qu'il s'est passé à la fête, vu que je ne me souviens de rien. Ou quelques petites choses par si par là, mais rien de plus. À en juger la fille à quelques longs centimètres de mon corps, j'ai très certainement fait une connerie. Et j'avoue avoir un peu peur de ce qu'il peut se passer par la suite.
Je me lève discrètement malgré mon mal de tête qui empirait, me rhabille, vérifie que j'ai toutes mes affaires, et m'en vais. Heureusement, ma voiture est garée juste devant la maison. Je regarde autour de moi, et reconnais le quartier. C'est celui juste derrière la rue de la maison de Nick, et l'école n'est qu'à cinq minutes à voiture tandis que ma maison en est à dix. Je tourne mon visage fatigué vers l'heure, et il est onze heures et demi... génial. Je n'irais que cet après-midi, ça suffira largement. Je dirais que je ne me sentais pas bien, donc je ne suis pas venu de la journée, et ça passera nickel.
Je rentre enfin chez moi, et à peine rentré je me dirige vers ma chambre. De là, je m'affale complètement sur mon lit, et pousse un long soupire. Il faudra que je questionne quelqu'un à propos de ce qu'il s'est passé la veille au soir. Parce que j'avoue que je flippe un peu.

Disons que, je n'aurais peut-être pas dû y aller, à cette fête.

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