Deuxième partie

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Léonora posa pied sur Deldya.

Enfin... enfin ! ils étaient enfin arrivés sur cette terre de l'ouest promise par Mahua ! Leur nouvelle maison, leur nouvelle société, cet endroit où les dracoriens bannis de Daemobia avaient choisi de s'installer, de vivre. Finis la houle, le vent et les poissons à perte de vue, ils étaient à présent chez eux. Léonora avait hâte de découvrir les trésors de son nouveau territoire, d'en percer les secrets et de le bâtir à l'image de son peuple. A son image.

Elle sourit, satisfaite, tout en plantant un étendard affichant fièrement Draesar, le dragon à crinière, l'emblème de sa mère, de sa famille, de son pouvoir. Là allait être construit le premier village dracorien et Nativia serait son nom, en hommage à la montagne où Esther avait vu le jour. Sa fille construirait ici un monde duquel elle serait fière.

Rapidement, le bateau qui leur avait permis de voyager sur les flots de Daemobia jusqu'ici fut mis en pièces : son bois permit à commencer de nouvelles constructions, des murs, des toits. Léonora et les siens travaillaient d'arrache-pied pour fabriquer leurs abris ; il n'était pas question de dormir sous la pluie et face au vent.

Jusque tard dans la nuit, ils s'efforcèrent de créer des cabanes, le plus possible, le mieux possible. Malheureusement, ils étaient incapables de multiplier leurs nouvelles maisons, ni même d'effacer leur fatigue en un clin d'œil, quand bien même ils étaient tous des mages. La magie était une chose mystérieuse, aléatoire, et malheureusement aucun proche de Léonora ne possédait une quelconque puissance multiplicatrice ou réparatrice. Dommage.
Une journée n'était pas suffisante pour fabriquer suffisamment de toits pour plus d'une centaine de personnes. Léonora refusa de s'abriter, préférant dormir à la belle étoile ; ainsi, elle pouvait observer le ciel, la mer et la terre où elle allait finir ses jours. Où elle allait régner.

Le lendemain, la jeune femme aux yeux verts partirait en exploration. La hâte et l'excitation brûlaient dans son cœur. Que découvrirait-elle au cœur de ces landes, forêts et montagnes qui lui étaient pour l'instant inconnues ? Quels animaux les arpentaient ? Y avait-il d'autres peuples, comme sur les autres continents ? Quel futur allait connaître ceux qui l'avaient choisie et suivie ?

Léonora s'étira dans son hamac, accroché entre deux arbres qu'elle n'avait pas encore nommés. Elle était curieuse au sujet d'autres ethnies, tout comme elle l'était à propos de bien d'autres choses, mais jamais elle n'oublierait la raison première de sa venue sur Deldya : en faire sa maison, sa patrie, son royaume. Elle régnerait sur une terre qui était deux fois plus grande que Daemobia, elle serait une meilleure reine que Celys. Cette terre, elle allait...

« À quoi tu penses ? »

La belle et joyeuse voix de Laurio extirpa Léonora de ses pensées. Elle se redressa légèrement, un tendre sourire empli d'amour étirant ses lèvres, tandis que son époux s'approchait avec un plat rempli de coquillages et autres produits de la mer.

« A la nourriture qu'il y a ici, répondit-elle en attrapant un bout de poisson grillé. J'en ai marre de manger du poisson et des crustacés, les baies et la viande me manquent.

– Je suppose que tu vas partir explorer dès l'aurore ?

– Tu voudrais venir avec moi, chéri ? »

Le jeune homme pencha la tête sur le côté en faisant la moue, hésitant. En attendant qu'il reprît la parole, la blonde se servit plusieurs fois – certes, les plats marins la lassaient, mais elle ne comptait aucunement jeûner et s'affaiblir. Elle se devait de rester la plus forte, elle ne se permettrait aucun caprice.

« Je préfère laisser cette chance aux autres et veiller ici.

– Tu veux t'occuper des malades ? »

Depuis les ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant