Chapitre 11

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Une vingtaine de gardes firent leur apparition sur la place du Marché. Ils encadraient deux hommes qu'il était impossible de distinguer et cheminèrent ainsi jusqu'aux halles. Deux têtes apparurent alors : Thibaut et Falkor étaient montés sur l'une des trois tables restées de la veille. La famille Codeugnal au grand complet assistait à l'énonciation des candidats retenus. Même leur père avait souhaité ne pas rater l'événement, au grand désarroi de la fratrie. Elina le scrutait du coin de l'œil, telle une biche apeurée.

– Il sait, c'est sûr ! couina-t-elle, à l'abri des oreilles de son paternel.

– Peut-être, répondit Aymeric. Mais tant qu'il n'en est pas certain, il ne peut rien faire, alors arrête, parce que tu vas finir par te trahir toi-même.

– Que se passe-t-il ? demanda leur père, par-dessus l'épaule d'Aymeric. Tout va bien, Elina ?

– Ça va, ça va, croassa-t-elle.

Gauthier s'était tourné vers elle et la toisait d'un œil mauvais.

– Tout ce monde me rend nerveuse, se justifia-t-elle.

– Il n'y a pas que toi, intervint Alixe, blanche comme un linge.

Leur père leva les épaules et reporta son attention sur les deux chevaliers.

– Les gardes doivent apprécier, ironisa William. Aucune barrière de sécurité et une telle affluence. C'est risqué tout de même.

– Allons, elles ne vont quand même pas se jeter sur eux ? railla Aymeric.

Malgré leur nervosité respective, Elina et Alixe échangèrent un regard narquois. Il fallait bien être un homme pour imaginer que vingt gardes parviendraient à maîtriser une horde de femmes, si celles-ci en décidaient autrement. Cependant, lorsque Falkor leva la main, le retour au calme fut immédiat et le silence assourdissant.

– Étant donné le monde qui s'est déplacé ce matin, annonça-t-il, nous appelons au plus grand calme. Nous ne lirons qu'une seule fois la liste des candidats qui ont été retenus. Nous vous demandons de conserver le silence jusqu'à la fin, que vous entendiez votre nom ou pas.

– Cent candidats sur six cent vingt-quatre ont été retenus, enchaîna Thibaut.

– Les candidats qui entendront leur nom devront se présenter le samedi trois septembre ici-même, à midi, reprit Falkor. Les épreuves dureront quatre jours et auront lieu l'après-midi. Certaines épreuves se dérouleront dans l'enceinte du château...

Quelques exclamations n'avaient pu être retenues. Elina se tourna vers ses frères, incrédule. Leur expression en disait long. Aymeric affichait une moue impressionnée et les yeux de William n'étaient plus que deux fentes.

– ... d'autres sur le terrain généralement réservé aux entraînements des chevaliers, poursuivit-il, comme s'il n'avait pas été interrompu.

Il dut marquer une pause, car cette deuxième révélation avait suscité une plus grande agitation encore.

– Quoi ? fit Elina, incapable de se retenir de parler plus longtemps. Sur la lice ?

Les yeux de William étaient à présent à peine visibles. Gauthier affichait une détermination sans précédent. Alixe ne maintenait le silence qu'à grand-peine. Leur père affichait le même visage concentré que William, sérieux et impassible.

Les deux chevaliers attendaient et le silence retomba.

– Seuls les candidats retenus sont priés de se présenter ici, le trois septembre, insista Thibaut.

ElinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant