32. Détonateur

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16 h 48

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16 h 48.

District 2.

La maison du patron d'Interunion jonglait entre le blanc et le beige. Sauna, piscine, cinéma, cave à vin, baignoires jacuzzi, cour avec fontaine, labyrinthe de fleurs et d'arbres. Le pack y était. Parfois, Nari oubliait que le Dôme était initialement un quartier résidentiel où chaque habitation était grandement séparée, question d'intimité, suffisamment pour être appelée District ou Quartier.

Jung-Hwa était sorti une quinzaine de minutes avant. Les badges de sécurité qu'elle avait trouvés dans son bureau étaient dans le rembourrage de sa robe. Elle avait également trouvé celui qui ouvrait le passage vers le réservoir. À l'entrée, Nari se regarda une dernière fois dans le miroir.

Dans sa main, seize feuilles volantes. Elle se précipita vers le garage et y prit un vélo Bugatti. Nari remonta sa robe, passa sa jambe droite de l'autre côté et prit la route, traversant le Quartier 3 bis et le bar-restaurant, où se trouvaient déjà de nombreux convives, puis tourna à gauche.

Elle passa ensuite entre le Quartier 5 et 6, arrivant enfin à destination. Le skatepark. Les garçons, vêtus de costumes, étaient déjà lassés de la soirée. Quand ils virent la jeune Yeon, leurs visages s'égayèrent, certains pris de ravissement, d'autres de surprise.

— Mais qui voilà ? s'écria l'un d'eux. Une revenante de Suisse ?

Nari ébaucha un sourire, se hissant hors du vélo, sa robe retombant naturellement.

— Les garçons, j'espère que l'enfant rebelle en vous est toujours là.

Les jeunes se levèrent des rampes. Nari se dirigea vers eux et leur distribua les feuilles qu'ils examinèrent avec soin. Du code Morse. Ils froncèrent les sourcils.

— Ne me posez aucune question, poursuivit-elle. Et surtout, ne vous posez pas trop de questions. Mettez les feuilles dans vos poches et foncez au District 0. Maintenant.

Une montée d'adrénaline s'accrocha à leur abdomen.

— Les Colibris sont ici ? s'écria un autre.

Nari avait longuement réfléchi à ses paroles susceptibles de les toucher, comme elles l'auraient touchée si elle avait été à leur place et se sentait terriblement seule.

— Colibri ou pas, peu importe.

Peu importe, se répéta-t-elle avec conviction.

— Si vous voulez faire bouger les choses, pour eux, pour vous, les victimes des choix de vos parents, pour tous, allez-y. Si vous voulez un jour sortir, profiter du bon temps avec votre partenaire, vous promener dans la forêt, dans la ville bondée d'humains bienveillants, après être sortis du lycée mixte, après des blagues entre amis... Si vous voulez partir au resto avec la famille que vous avez décidée être la vôtre, aller à des soirées, s'embraser de caresses, de baisers qui font de vous des humains qui ont besoin d'affection, d'amour, de délires avec vos amis, des humains qui ont besoin de normalité, d'une sortie au cinéma, au musée, au bord d'une rivière, à la plage... Si toutes ces choses vous parlent, allez-y. Je sais ce que l'internat fait endurer. Et ce Dôme est comme une prison, alors si vous voulez vous donner une chance d'être plus utile que des graffitis ou des histoires fantaisistes de zombies, allez-y. Donnez-nous une chance de revenir à la normale...

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