22. Charivari

105 11 1
                                    

Après avoir franchi la porte battante, Braham regarda les filles du coin de l'œil

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Après avoir franchi la porte battante, Braham regarda les filles du coin de l'œil. Il ne s'arrêta pas pour les écouter et trottina pour rattraper Johan dans le couloir. Éclaircissement de gorge. L'homme ralentit, puis tourna la tête. Il glissa son bras sur son épaule, un sourire pincé aux lèvres.

— J'espère que tu ne m'en veux pas pour tout à l'heure, dit-il.

Johan, de vingt ans son aîné, sourit faiblement en hochant la tête. C'était qu'il lui en voulait, car Braham comptait beaucoup pour lui, autant qu'il comptait beaucoup pour Braham. Johan était un homme de grande taille. Il avait un long menton rond avec une fossette et ce nez bourbonien lui donnant ce charmant je-ne-sais-quoi.

Ses cheveux en brosse étaient blonds, parfois d'un blanc doré à quelques endroits. D'aussi loin qu'il se souvienne, ses yeux tombants avec l'âge, d'un bleu perçant, n'avaient jamais été aussi bleuâtres que pendant les moments les plus pesants. Johan était toujours fraîchement rasé, sa peau embrumée par l'après-rasage.

Il avait la physionomie typique d'un papa-gâteau, mais n'avait jamais été imbu de lui-même. Dans son ancienne vie de lieutenant-colonel, désormais en charge de la branche militaire colibriste, Johan n'avait jamais toisé Braham après un ordre ou une réflexion. Il ne l'avait jamais vu comme un jeune homme altier, mais plus passionné et investi dans son travail.

Ainsi était-il affecté par ce lien semblable à celui entre un père et son fils. Braham avait perdu son père, et lui, son fils. Il avait peur que cet investissement se retourne contre lui en cas de défaite, et le perde aussi. À son tour, Johan posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

— Braham ?

— Mmh ?

Il lui donna une tape amicale sur le bras.

— Alors ? Les pierres anti-stress, elles ont montré leur bienfait ?

Le jeune Cunningham pinça les lèvres, laissant échapper un petit rire intérieur. Doris, sa femme, avait pensé que ces pierres anti-stress étaient la solution à tous ses problèmes. Pourtant...

— Je pense que ça doit faire six jours que j'ai pas dormi-dormi. Tu pourrais me faire une faveur en mentant à Doris et lui dire que c'est efficace, quand même ?

Au bout du couloir, Johan ralentit, Braham faisant de même. Il se tourna complètement vers lui et prit une expression plus terne. Il vint poser son autre main sur son épaule, puis les secoua légèrement. Ses sourcils se froncèrent futilement, faisant apparaître trois plis sur son front.

— Mon grand, je m'inquiète pour toi. Et pas qu'un peu.

Même si Johan était un homme costaud, si ses yeux étaient vitreux, cela signifiait que la situation l'inquiétait sérieusement. Sa façon de toujours ratiociner fut transmise à tous les membres proches. Braham décrocha son regard, envoyant ses yeux dans le vague. Johan s'humecta les lèvres, puis déglutit avant de continuer sur le même ton désolé.

Rouge sur NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant