retour de bâton

Chapitre 37

Je me réveille dans mon lit et m'étire. Je suis bien chez moi. Je regarde l'heure, 10 h 30, j'ai vraiment dormi comme une souche. J'attrape mes béquilles et trottine jusqu'au salon. Sur la banc de la cuisine, je vois un sachet de boulangerie et un petit mot. "J'ai sorti Shizu ce matin. Morgane passe après les cours pour la sortir de nouveau. Bon petit dej. Bisous Gwen. Ps : ce soir, tu es de permanence sur la ligne ouverte. T'es coincé chez toi alors autant que tu te rendes utile. ;-)" Je souris en secouant la tête. J'ai de la chance d'avoir des amis pareils. N'empêche toutes les filles ont une clef de chez, ça va me revenir cher en double si je dois changer les serrures un jour. Je me fais couler un café et prends mon petit-déjeuner.

Ensuite, je vais me mettre sur mon canapé avec mon ordi portable. Il faut que je bosse mes cours si je ne veux pas foirer mon semestre. Je n'ai pas travaillé des masses quand j'étais chez Kevin. Le doyen a accepté que je fasse tous les cours chez moi, du moins, le temps que ma jambe est plâtrée. Il a bien conscience que quand on ne peut pas plier la jambe, ce n'est pas évident de se caler sur un siège d'amphi. Et les profs sont supers cools parce qu'ils m'ont envoyé les PowerPoint des cours. Je les regarde en faisant les fiches de révision.

J'ai aussi une nouvelle à écrire pour mon cours de littérature. C'est ce que j'appréhende le plus. Mes deniers écrits m'ont coûté l'homme que j'aime... Enfin, j'avoue, c'est plus mes actes, mais sans ma manie de tout coucher par écrit, il ne l'aurait peut-être jamais su. Je sais qu'on ne base pas une relation stable sur un mensonge, mais je savais qu'il le prendrait mal. Bon, ce n'est pas le moment de me lamenter, j'ai du boulot.

Sans que je ne m'en rende vraiment compte, la journée passe super vite. Je n'ai pas fait de pause pour manger à mdi, mais en même temps, j'ai déjeuné à 10h30. C'est quand Morgane arrive que je me rends compte qu'il est déjà 18 H passés. L'avantage que mes amies aient une clef, c'est que je n'ai pas trop à bouger avec mes béquilles. Mon amie apparaît avec des sacs de courses.

Morgane : salut Beth, je suis passée t'acheter des plats cuisinés. Je me suis dit que comme ça t'aurais pas à rester debout trop longtemps pour te faire à manger et que tu ne mangerais pas que des pizzas.

J'éclate de rire et me lève pour lui faire un calcin.

Moi : Ben quoi ? C'est bon les pizzas ! Mais t'as pas tort et imagine j'en commande une et l'ascenseur tombe en panne, je ne pourrais même pas aller la récupérer !

Morgane : avoue que ça serait con que tu meurs de faim. Bon, je sors vite Shizu et je file. Je peux pas trop traîner. J'ai un rencard ce soir.

Moi : c'est vrai ?

Morgane : oui. Paul du cours de lettre moderne.

Moi : ok, alors dépêche-toi, mais tu me devras un rapport.

Morgane : en combien de pages ?

Moi : ça dépendra de la tournure de ta soirée.

Morgane pouffe de rire en attrapant la laisse de ma chienne.

Moi : merci pour les courses et ma boule de poil.

Morgane : les amis ça sert à ça. Et je suis bien contente de retrouver la vraie Beth !

Elle me fait un clin d'œil et sort. Je sais très bien à quoi elle fait allusion. Quand je me faisais mes injections, mon comportement était fluctuant et ce sont mes amis qui en ont subi les frais. Mine de rien, j'ai vraiment fait n'importe quoi.

Pour manger ce soir, je comptais effectivement me commander une pizza, mais vu que Morgane a blindé mon frigo de plats cuisinés, autant les goûter. Je mets un gratin de macaronis aux micro-ondes, on verra bien le résultat. Et puis, je n'ai pas trop envie de sortir de mon appart. Je tente même de me faire toute petite par rapport à mes voisins. Je n'ai pas revu Brad depuis la fois où il m'a mis au lit et je n'ai pas revu Ryan depuis que je lui ai donné de la lecture. Lecture qu'il n'a probablement pas lue, mais bon.