La Ligue des Oubliés - L'Autre Histoire du Football

Yazid Meklane

André Malraux eut ce mot célèbre le jour où Yazid « Aimé » Meklane reçut le Prix Nobel de Littérature : « Rien de plus normal, cet homme écrit comme un pied. Mais pas n'importe quel pied : le sien ».

Le Nobel 1970 (et Ballon d'Or 1957) aura connu sa première sélection à 16 ans, verrouillé le brassard de capitaine des Bleus moins de deux ans plus tard, et hissé à lui seul une équipe affaiblie en finale de la Coupe du Monde 1954, ne s'inclinant que devant la formidable machine hongroise après avoir pulvérisé l'Allemagne en demis.

En parallèle, « Aimé » se constitue un palmarès en or avec Nice : cinq Championnats, quatre Coupes de France et la Coupe d'Europe 1957...

De toute évidence, la Coupe du Monde en Suède ne peut échapper à la France et à son triangle magique Kopa - Mekloufi - Meklane.

Mais en avril 1958, trois titulaires renoncent brusquement à la sélection : Aimé-redevenu-Yazid Meklane, Rachid Mekloufi et Mustapha Zitouni s'en vont monter la dream team du FLN qui ébouira le monde entre 1958 et 1962.

« C'est en 1958 que le foot est vraiment devenu universel », dira Pelé : « pendant qu'un jeune noir soulevait la Coupe en Suède, la France fêtait son meilleur joueur polonais et son meilleur buteur pied-noir, mais la meilleure équipe du monde et le meilleur joueur du monde évoluaient pour un pays qui n'existait pas encore ».

Meklane n'est peut-être plus Aimé, mais il reste plus que jamais adulé : il jouera encore trois saisons pour Monaco (avec un nouveau doublé Coupe – Championnat à la clef) avant de se consacrer au développement du sport dans son pays et de se révéler un immense romancier, poète et dramaturge.

Depuis 1991, tous les jeunes des centres de formation de France assistent au moins à une représentation de sa pièce « Le huis clos étranger ».

Dans le cadre de ses programmes de lutte contre le racisme, la FIFA étendra prochainement à tous les pays cette tradition initiée par Raymond Domenech.