CHAPITRE LXXIV - LE PALAIS DE LA NUIT

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Zell ouvrit les yeux avec difficulté : ils étaient plein de terre séchée, de brindilles et de brins d'herbe. Ils pouvaient percevoir, entre les feuilles des grands arbres, les rayons clairs de la lune blanche. Il se releva en s'aidant de ses mains et contempla la pente contre le flanc de laquelle il avait roulé. Une dizaine de mètres plus haut, il pouvait entendre son assaillant poursuivre son autre proie. « Jorge ! » pensa-t-il en se redressant, pris de panique. Il devait aller l'aider.

Alors qu'il cherchait à escalader la paroi pentue du fossé pour regagner le sentier dont il avait dégringolé, il entendit de nouveau le terrible vrombissement qu'il avait perçu quelques minutes plus tôt. La lumière de la lune était plus forte que précédemment, et il vit pour la première fois la nature de son adversaire : c'était une jeune femme extrêmement délicate, dont les longs cheveux roux étaient noués en chignon. Sa peau claire, parsemée de taches de rousseur, était couverte d'une fine combinaison rose, comme un tutu de danseuse. Et surtout, se détachait dans son dos une grande paire d'ailes translucides. Jorge n'avait pas rêvé en apercevant cette étrange silhouette au sommet d'un arbre.

- Bonsoir, monsieur le soldat, dit-elle avec délicatesse. Je suis désolée, mais je vais devoir te tuer.

- T'es qui, la mite ? lui cria-t-il en dégainant. Tu sais où sont mes potes ?

Elle eut un petit rire méprisant et un sourire vicieux se dessina sur son visage d'ange. Puis, elle passa le bout de ses doigts sur ses lèvres pour mimer le mouvement d'une fermeture éclair.

- Motus et bouche cousue, ricana-t-elle.

Alors, sans rien ajouter, elle prit son élan dans les airs et chargea Zell avec violence. Le jeune charpentier, agile et rapide, bondit et passa par-dessus son adversaire. Il projeta sa corde, tentant de l'attraper, mais elle était tout aussi rapide que lui. En un éclair, elle fit volte-face et se rua sur Zell : sa jambe, fine et délicate, frappa le soldat de plein fouet. Il ramena ses bras sur sa poitrine pour amortir le choc, mais fut malgré tout projeté en arrière par la violence de l'attaque. Il heurta de plein fouet l'un des grands arbres, qui fut secoué par la collision.

- Quelle galère, encore... marmonna-t-il en se relevant, massant son dos contusionné.

La femme ailée le chargea à nouveau, et il se tint prêt à riposter encore une fois. Il s'élança vers elle, ciseau en avant, hurlant comme un guerrier se jetant dans la bataille, mais elle s'immobilisa avant que leurs corps ne s'entrechoquent. Une lueur d'inquiétude passa dans ses yeux, elle tendit l'oreille et observa les alentours, puis fixa de nouveau son regard sur son adversaire. Cette fois, son regard était frustré et résigné.

- Toi, tu ne payes rien pour attendre ! s'écria-t-elle en s'envolant à toute vitesse dans la direction opposée.

Zell, resté debout parmi les grands arbres, son ciseau à la main, demeurait perplexe. « Qu'est-ce qui lui a pris ? » se demanda-t-il. Alors qu'il pensait aux raisons de cet abandon, il sentit quelque chose bouger derrière lui. Il se retourna vivement et ne put retenir un cri de stupeur.

...

- Hard Rock Javelin !

Jorge eut à peine le temps d'esquiver : le projectile lui percuta l'épaule de plein fouet, déchirant sa chair et faisant gicler son sang. Il tituba quelques instants puis se redressa, cherchant son adversaire dans l'obscurité.

- Si seulement je te voyais, enfoiré ! cria-t-il. Sors de l'ombre, que je t'écrase !

- Le grand Moss Kito n'a pas besoin de l'obscurité pour te vaincre, blanc-bec. Si nous combattions dans des conditions normales, je t'aurais déjà vaincu. Hard Rock Javelin !

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant