- La vache ! Ça pue ici !
- Ouais mais on s'habitue. Enfin, presque.
J'ouvrai les fenêtres, tandis que Morgane poussai les bouteilles vides sur le côté afin de trouver un endroit où s'asseoir. Alice était restée dans l'entrée, adossée à ce qu'il restait de la porte d'entrée, je sentai qu'elle m'en voulai. Étrangement, je ne ressentis aucune culpabilité, je lui avais juste rendu la monnaie de sa pièce. Morgane ne savait pas où se mettre, elle sentai qu'il y avait quelque chose qui n'y allait pas. Malgré tout, elle continuait de me dévorer du regard sans prêter attention à ma meilleure amie.
Elle trouva bien vite le moyen de détendre l'atmosphère. Dès qu'elle eut sortit un briquet et un paquet de Malboros de la poche de sa veste, Alice courut s'installer à côté d'elle, je l'imitai. Elle me tendit le paquet, j'attrapai une cigarette au hasard dedans et la portai à ma bouche. Je me penchai en avant pour qu'elle me l'allume, ce qu'elle fit tout de suite, sous le regard accusateur d'Alice qui se força tout de même à dire "Vous allez bien ensemble toute les deux". Je savais que ce n'était que de l'hypocrisie mais j'appréciais qu'elle fasse des efforts pour être amicale alors qu'elle aurait eu envie de nous éclater la tête contre le mur à toute les deux.
Quelques heures plus tard, alors que j'étais couchée par terre au milieu de nos débris, qui continuaient de me gêner, je pensai à quel point Morgane était devenue importante dans ma vie en l'espace d'une nuit. Je suppose que c'est ça le coup de foudre. Je n'y avais jamais cru mais à partir de ce moment j'étais un peu plus ouverte d'esprit.
C'est étrange comme les gens prennent de l'importance dans nos vies et repartent aussi vite qu'elles sont arrivées. Mais je ne voulais pas qu'elle parte. Et je savais qu'elle n'allait pas le faire. Du moins je l'esperai. L'aimer, c'était lui donner le pouvoir de me briser le coeur, mais de lui faire confiance quand même. Je savais que j'étais tous ce qu'elle avait a perdre.
