𝑾𝒉𝒊𝒔𝒑𝒆𝒓𝒔 𝒐𝒇 𝒕𝒉𝒆 𝑯𝒆𝒂𝒓𝒕 [ en correction ]

Épilogue

𝑴𝒆𝒓𝒄𝒚

Avez-vous remarqué que ce récit est plutôt flou ? Que chaque mot que vous lisez appartient à une autre personne temps, à une autre version de moi, une version que j'ai derrière. Mais peut-être que tout ceci n'est qu'un rêve. Peut-être que dans un autre monde, dans une autre réalité, les choses se sont déroulées autrement. Si j'avais pris d'autres décisions, si j'avais agi différemment, peut-être que cette histoire aurait été toute autre. Une histoire où je ne serais pas la spectatrice de ma propre vie, mais l'actrice principale. Où je n'aurais pas fui, où je n'aurais pas permis aux échos de mon passé de dicter ma route.

Peut-être que j'aurais trouvé la force de tenir tête à Ange, de lui dire ce que je ressentais au lieu de me cacher dans les replis de ma propre douleur. Peut-être que j'aurais vu dans ses yeux un éclat de regret, une fissure dans son masque, comme j'en ai rêvé mille fois. Et si j'avais cru en ce regard, si j'avais cru que derrière les provocations se cachait une vérité, une vulnérabilité qu'il n'osait pas montrer, peut-être que tout aurait été différent. Peut-être que je lui aurais tendu la main, comme j'avais toujours voulu qu'on me tende la mienne. Peut-être que j'aurais vu au-delà des rires et des jugements, et que je me serais permis de prendre ma place, de respirer, d'exister au milieu de tout ce bruit.

Mais ce n'est pas ce qui est arrivé.

Dès ses premières provocations, quelque chose en moi s'est brisé. Ce n'était pas qu'Ange, bien sûr. Il n'était qu'un symptôme, une conséquence d'une douleur bien plus profonde, bien plus ancienne. J'étais déjà trop fragile, trop abîmée pour encaisser. Je ne pouvais plus supporter le poids de toutes ces années passées à me dévaloriser, à me chercher sans jamais me trouver. C'était tout : mon père qui n'était jamais là, ma sœur qui me regardait comme une étrangère, les garçons du lycée, leurs rires moqueurs, les filles qui chuchotaient derrière mon dos. Chaque regard, chaque parole blessante était une pierre de plus sur mon cœur, une pierre que je ne pouvais plus porter.

Ange n'a été qu'une étincelle dans un incendie que je ne pouvais plus éteindre. Une étincelle qui a enflammé tout ce qui restait de moi. Et alors, sans même réfléchir, j'ai fui. Parce qu'à cet instant-là, fuir semblait être la seule option qui me restait. Le seul moyen de garder un peu de dignité, un peu de ce qu'il me restait.

J'ai quitté le lycée ce jour-là, sans un regard en arrière, sans un mot. Pas même à Megan, ni à Sherley. Pas même à ma mère. J'ai juste marché, les oreilles bourdonnantes, les larmes brouillant ma vue. Mes pieds me guidaient sans que je ne sache où je me rendais, mais tout ce que je voulais, c'était m'échapper. M'échapper de ce monde qui me rejetait, m'échapper de cette douleur qui me noyait.

Je suis rentrée chez moi, je suis montée dans ma chambre, et j'ai verrouillé la porte. Je suis restée là, immobile, dans une sorte de bulle où le monde extérieur ne pouvait plus m'atteindre. J'ai cessé de parler. J'ai cessé d'exister aux yeux des autres. Parce que tout ce que je voulais, c'était disparaître.

Les jours suivants, ma mère a tenté de comprendre. Elle m'a parlé de courage, de persévérance, mais elle ne savait rien. Elle ne savait pas à quel point j'étais déjà vide. Comment reconstruire quelque chose qui s'était effondré si profondément ? Elle pensait que je pouvais encore me relever, mais pour moi, tout était fini. Et, de toute façon, comment pouvais-je expliquer ce vide ? Ce gouffre qui m'aspirait chaque jour un peu plus.

J'ai refusé d'aller au lycée. J'ai refusé d'affronter la réalité. Les semaines sont devenues des mois, et je suis restée là, dans ma chambre, dans ma solitude. Le monde extérieur n'existait plus. Je n'ai pas répondu aux messages de Megan, ni aux appels de Sherley. Qu'est-ce que cela aurait changé ? Ils ne pouvaient pas comprendre. Ils ne pouvaient pas saisir ce que je ressentais. Peut-être qu'ils auraient essayé, mais la vérité, c'est que je m'étais enfermée dans une prison invisible, une prison que je n'étais pas prête à quitter.

Parfois, je me demande ce qui se serait passé si j'avais tenu bon. Si j'avais trouvé la force de me battre, même contre moi-même. Peut-être qu'un jour, je me serais reconstruite. Peut-être qu'Ange aurait baissé sa garde, que nous aurions enfin trouvé un terrain d'entente et une potentielle relation ? Une vérité partagée, un amour plus pur, au-delà des blessures et des cicatrices. Mais ce n'est pas ce qui est arrivé. Ce qui est arrivé, c'est que je suis devenue une ombre, une ombre dans le reflet de ce que j'aurais pu être. Une silhouette qui erre entre les murs de ma maison, hantée par des souvenirs que je ne pouvais pas effacer.

Les jours ont continué de défiler, monotones, sans éclat. Je suis devenue une spectatrice de ma propre vie, me noyant dans une mer de regrets et de questions sans réponses. Je me suis laissée détruire lentement. Je me suis laissée étouffer par ce poids invisible. Et, comme toujours, Ange a continué sa vie. Il a probablement trouvé quelqu'un d'autre à provoquer, à manipuler, ou peut-être a-t-il simplement tourné la page. Peu importe. Il a gagné. Il a eu ce qu'il voulait. Il a détruit ce qu'il restait de moi.

Mais il n'a pas eu l'entière victoire. Car, quelque part, une partie de moi reste encore là, à attendre. À espérer qu'un jour, je retrouverai la force de m'élever, de sortir de cette cage invisible dans laquelle je me suis enfermée.

Alors voici mon histoire. Celle qui aurait pu être. Celle que j'aurais voulu écrire, mais que je n'ai jamais vécue. Et voici ma vérité : parfois, fuir n'est pas une faiblesse. Parfois, c'est tout ce qu'il reste à faire quand le poids du monde devient trop lourd.

Peut-être qu'un jour, je trouverai la force de recommencer. Peut-être qu'un jour, je réapprendrai à vivre. Mais pour l'instant, tout ce que je peux faire, c'est rêver à cette version de moi qui n'a jamais existé.

À cette Mercy qui aurait tenu bon, qui aurait trouvé le courage d'affronter la douleur.

cette Mercy, elle n'existe que dans mon imagination.

Et moi, je reste ici. Une ombre dans le silence. Une histoire inachevée. Une âme qui cherche encore sa place dans ce monde brisé. Mais peut-être qu'un jour, je serai prête. Prête à écrire le prochain chapitre. Le chapitre où je retrouverai enfin ma propre voix.

À cette Mercy qui aurait tenu bon.

A cette Mercy, elle n'existe que dans mon imagination.

Et mon corps restera ici. Une ombre dans le silence.

Une histoire inachevée.

Ceci sont mes derniers mots, car je n'ai pas affronté Ange, mais je vais en devenir un.

À toutes ces personnes qui pensent ne pas mériter l'amour d'autrui... vous le méritez.

          Mercy Anderson

FIN

Je tiens également à confesser que ce roman puise profondément son inspiration dans des faits réels, une part de vérité qui en constitue toute son âme.

Dans la vraie vie, Ange et Mercy ont eu droit à leur fin heureuse : ils se sont aimés plus que tout, et aujourd'hui encore, ils sont mariés, unis par un amour que rien n'a jamais pu éteindre.

Remerciements :

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers les personnes qui ont été des piliers tout au long de l'écriture de ce roman.

À Ladow_ pour ton aide inestimable, ta patience et ton soutien indéfectible. Tes conseils ont illuminé chaque étape de ce projet, et je ne saurais jamais assez te remercier pour tout ce que tu as apporté.

À Megane, merci d'avoir lu chaque page, chaque jour, avec une attention et une bienveillance exemplaires. Ton regard précis et tes retours constructifs m'ont poussé à donner le meilleur de moi-même.

À Monique, ma tutrice de stage, merci d'avoir cru en moi et d'avoir joué un rôle si important dans ma vie. Votre accompagnement, votre bienveillance et vos précieux conseils ont marqué mon parcours et continuent de m'inspirer.

Mais surtout et avant tout, merci à toi Ange.

Ce livre est aussi un peu le vôtre. Merci du fond du cœur.