Tout recommencer à zéro, ça a toujours été ce dont j'avais envie depuis plusieurs années. Maintenant que l'occasion se présente devant moi, juste là, face à la nouvelle maison familiale, je ne sais plus si c'est ce que je veux réellement. C'est vrai que je veux pouvoir oublier tout ce qui a un rapport avec mon passé et effacer entièrement, ce que j'ai commis dans l'esprit de tout le monde. J'aimerais également ne plus faire les mêmes erreurs. Avoir de nouvelles relations, de nouveaux projets, juste une vie normale pour une personne de mon âge.
Sauf qu'en voyant notre nouvelle demeure, celle dont j'ai tant de fois espérée m'y retrouver, le doute s'insinue petit à petit en moi. Est-ce que tout va redevenir comme avant, comme si dans le fond, c'est moi l'unique problème de mes malheurs ? Est-ce qu'il aurait mieux fallu changer complètement d'identité, afin d'être sûr que personne ne puisse me reconnaître ? Malheureusement pour moi, il est à l'heure actuelle bien trop tard pour faire machine arrière.
- Zoé ? Ma mère m'appelle depuis notre nouvelle bâtisse. Elle qui n'aime pas le changement, ce déménagement a été difficile à envisager au début. Seulement, tout comme le reste de la famille, c'est-à-dire mon père et moi, elle a, malgré tout, eu besoin de ce nouveau dé part.
Je n'attends plus une seconde de plus et me dirige vers la source de sa voix. À l'intérieur, je n'ose pas trop attentivement regarder autour de moi. J'ai peur de me créer des meilleurs souvenirs ici et qu'au final, je me retrouve obligée de partir un peu plus loin encore et tout recommencer.
En tous cas, je ne veux guère voir tous ces murs inconnus, n'ayant aucun cadre pour remplir sa blancheur immaculée. Je ne veux pas sentir encore la culpabilité m'envahir, en sachant que toute cette situation en est de ma responsabilité. Je veux juste voir les jours passés, que tout ceux que je connaisse effacent cette histoire. Juste qu'ils m'oublient, moi, la fille sans importance. Après tout, c'est ce que j'ai toujours été jusque-là.
Ma mère, Mathilde se tient au près de quelques caisses en cartons. Elle semble faire un plan complet dans sa tête sur la place de chaque objet dans la maison. Ma mère a toujours été une personne très visuelle et organisée. Elle relève enfin la tête vers moi, un sourire penaud franchissant ses lèvres. Voilà l'une des raisons du pourquoi je veux faire comme si de rien n'était. Je n'en peux plus de ces personnes qui me regardent comme si elles comprennent ce que je ressens ou même, ce que j'ai pu ressentir. J'ai l'impression d'être une bête de foire.
Je sais que je dois n'en vouloir qu'à moi-même, que si je n'avais pas fait franchit le pas, on serait toujours cette famille plus ou moins normale.
Je ne voyais juste plus aucune raison pour continuer de me battre sur terre.
- Tu veux bien monter les cartons dans le bureau de ton père ? Ma mère rompt le silence qui se fit pesant et me désigne une pile de cartons placés à côté de la nouvelle table à manger. Ma génitrice n'a pas pu s'empêcher de remplacer presque tous les meubles de la maison. Peut-être que ça l'aide à se dire que ce n'est qu'un simple cauchemar et que tout ça n'a jamais existé et pourtant, j'en suis la preuve même et je me retrouve devant elle. Peut-être que c'est même cet aspect là qui la dérange le plus, que je sois en vie.
Un par un, je monte les caisses jusqu'au nouveau bureau de mon père. Il est avocat indépendant et avant notre changement de lieu d'habitation, il avait une bonne situation. Cependant, par ma faute, il doit se refaire une bonne clientèle. Il a dû envoyer ses anciens clients chez certains de ses confrères, ce qui lui a fait perdre pas mal d'argent. Comment dire que les premiers mois vont être difficiles à gérer et tout ça à cause de mes soit-disant caprices. Jour après jour, je m'en veux terriblement pour ce que j'ai fait.
Ma tâche accomplie, je retourne voir après mes propres affaires, elles-aussi, emballées précautionneusement. Quand j'arrive à identifier où chacune d'entre elles se situent grâce aux indications laissées au bic sur chacun des cartons les contenants, je les amène dans la pièce qui me sert de chambre. Je ferme ma nouvelle porte, dont je me doute que je vais sûrement souvent la claquer, essayant d'avoir un peu d'intimité.
Je souffle et enfin, j'observe tout ce qui se trouve dans la petite pièce. Un lit double trône déjà au centre de l'endroit. Tandis qu'au mur de gauche, une garde-robe est toujours en cours de construction. Je vais devoir laisser encore mes vêtements dans les valises pendant quelque temps, mais rien ne me presse vraiment. Je n'ai pas d'ami et je ne veux pas m'en faire. Je n'ai donc prévue aucune sortie dans le centre-ville. Il y a également un bureau sur le côté droit du lit, au-dessus duquel est posé une lampe de chevet que ma mère avait déjà montée préalablement. Je prends un premier carton pour ouvrir son contenu sur le bureau. À l'intérieur, des dizaines de blocs et de classeurs prennent toute la place. Ce sont tous mes dessins de ses 5 dernières années. Je suis fière d'avoir pu aussi bien les conserver mais ai-je seulement l'envie de continuer cette passion qui m'animait le cœur autrefois ? Rien n'en n'est plus sûr.
J'en choisis un au hasard et le feuillette vite fait afin de me remémorer tout le temps que j'avais passé à dessiner. Mes œuvres représentent souvent des moments de l'histoire vus à ma façon. J'adore cette matière. Je finis par refermer le bloc non sans un brin de nostalgie. Ensuite, je range le carton en dessous du bureau et m'apprête à ouvrir ceux qui restent. Ce n'est pas le moment de se replonger dans de mauvais souvenirs. Parce que même si le dessin a été autrefois une grande passion, cet art représente désormais mon enfer.
- Zoé ? Ma mère m'interpelle en rentrant dans ma nouvelle chambre sans avoir prit le temps de s'annoncer. Je déteste quand elle se permet de faire ce genre de chose. Elle a beau être ma mère, j'aimerais qu'elle respecte un peu plus ma pudeur.
- Quoi ? Réponds-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.
- Tu n'es pas obligé de me répondre sur ce ton.
Elle me recadre avant d'enchaîner directement sur le pourquoi elle est venue me déranger. Je suis sûre qu'elle ne veut pas trop insister sur mon comportement pour ne pas commencer une unième dispute. Surtout qu'il faut dire qu'elles sont nombreuses ses derniers temps.
- Comme tu ne veux pas faire d'études, il faut que tu ailles voir après un travail pour ne pas que tu te retrouves à ne rien faire.
- Je sais. Réponds-je du tact au tact.
Ma mère respire bruyamment afin de montrer son agacement et sort de la pièce, sans rien ajouter. Elle n'en peut plus de ma manière de répondre, que ce soit à elle ou à mon père. Sauf que moi même, je ne sais pas le pourquoi je réagis de cette façon. Est-ce que je suis en colère sur le fait qu'ils n'aient pas respecter ma décision dans le passé ? Est-ce que c'est parce que je fais une crise d'adolescence en retard ? Aucune idée, mais je m'en veux de leur faire subir tout ça. Je m'en veux de ne pas arriver à changer et même, pour eux. J'aimerais tellement que tout soit plus simple, que mes actions ne dépendent pas du bonheur de mes parents et que je puisse décider de si je pars ou non.
J'aurais tant voulue réussir cet acte qui semble désespére.
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it doesn't exist
RomanceZoé est une jeune femme ayant essayée de mettre fin à ses jours. Après ce qu'il s'est passé, elle a déménagé avec ses parents parce qu'un nouveau départ semblait être l'idéal pour la famille. Sauf que Zoé retombe dans ses anciennes habitudes. Elle n...
