Chapitre 46 : Unis

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Il traversa la cour sans se soucier du froid qui transperçait le lainage de ses chaussettes ou des regards curieux qu'il attirait.
- Nerva ?
La voix de son père ralentit sa course quelques secondes. Il lui jeta un regard, vit son air surpris et décida de l'ignorer, une boule dans le ventre. Il accéléra tandis que la douleur dans sa cheville gagnait en intensité. Son père renouvela ses appels, de plus en plus forts. Nerva courait de toutes ses forces, de crainte qu'on essaie de l'arrêter. Il remonta le chemin, les poumons en feu.
Où était-il ? Loin devant ? Non, il venait de partir d'après Omphale. Il ne pouvait pas se trouver à l'autre bout d'Amaris ! La neige qui lui arrivait à hauteur de cheville ralentissait sa progression. Un flocon s'écrasa sur son front. Il claqua des dents à cause du froid, trébucha.
- Kalam ! cria-t-il. Kalam !
Il aperçut deux silhouettes noires qui se découpaient dans l'horizon blanc. Il redoubla d'effort, la respiration sifflante. Le froid lui brûlait cruellement la peau mais il ressentait à peine sa morsure, obnubilé par son besoin de rattraper son ami et réparer ses fautes. Il appela Kalam avec l'énergie du désespoir, la gorge douloureuse à force de hurler son prénom. Il buta contre une pierre et s'étala dans la neige de tout son long.
Rattrapé par la fatigue des derniers jours, par le manque d'eau et de nourriture, il n'eut pas la force de se relever. Il murmurait en boucle le prénom de son ami. Il n'arriverait jamais à le rattraper, trahi par son propre corps. Des larmes de frustration embuèrent ses yeux et il serra les poings sans avoir la force de frapper la neige avec.
Il entendit soudain des pas précipités dans la neige, face à lui. On le souleva par les épaules sans brusquerie.
- Nerva ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as rien sur le dos, tu vas attraper la mort !
La voix de Kalam lui arracha un sanglot. Il était là ! Il l'empoigna par le devant de son manteau, pour l'empêcher de fuir. Il devait lui dire maintenant, avant que son ami veuille s'éloigner une seconde fois.
- Pardon ! Pardon, pardon, pardon ! Je ne voulais pas te faire de mal Kalam, c'était une erreur. La plus horrible de toute mon existence mais la dernière, je peux te le promettre !
- Mais de quoi est-ce que tu parles ? s'étonna son ami.
- De ce qui s'est produit lors de la tempête de neige...
Le beau visage de Kalam prit une teinte plus foncée au niveau des joues, signe qu'il rougissait. Son ami bafouilla :
- Je...Je ne m'en souviens pas à vrai dire...
Nerva cligna des yeux plusieurs fois. Si Kalam ne se souvenait pas alors pourquoi est-ce qu'il fuyait ? Ça n'atténuait en rien sa faute mais où était le problème pour son ami si celui-ci ne conservait aucun souvenir de ses agissements ? Kalam retira son manteau et l'enfila à Nerva. Il conservait sa chaleur ainsi que son odeur, un mélange de savon, de poussière et de miel.
- Il faut que tu regagnes le château Nerva.
- Non, pas sans toi...
- Tu veux que je reste après ce que je t'ai fait ? demanda Kalam avec une lueur désespérée dans le regard.
- Mais tu ne m'as rien fait ! insista Nerva qui n'y comprenait plus rien. C'est moi et seulement moi !
- Ça n'a aucun sens ! s'exclama son ami. Viens, ne reste pas dans la neige. Tu peux te lever ?
- Non, je suis vidé de mes forces, j'ai l'impression d'avoir du coton dans les membres...
Kalam passa un bras autour de sa taille et le releva sans effort. Nerva admirait sa force calme et sa gentillesse sans limite. Un élément important lui échappait dans cette histoire mais il s'en fichait pour l'instant. Kalam le pressait contre lui, ce qui lui conférait une quiétude imperturbable. Il ne résista pas à l'envie de lui glisser :
- Tu m'as manqué.
- Toi aussi, si tu savais ! Je pensais que tu ne voudrais plus jamais me revoir et encore moins m'adresser la parole.
- J'imaginais la même chose venant de toi.
Ils échangèrent un de ces regards profonds dont ils avaient le secret. Le calme s'ancra dans le cœur malmené de Nerva alors que la teinte vert clair des iris de Kalam l'hypnotisait. Il n'existait nulle part dans la nature une couleur de cette nuance. Même les pierres polies ne pouvaient pas rendre toute l'intensité qui habitait ces yeux saisissants.
Un feu ardent, aussi chaud que le soleil du désert à son zénith, brûlait derrière ce vert vif. Il pénétrait la peau de Nerva, embrasait ses veines et dévorait son cœur. Ils s'approchèrent l'un de l'autre dans un même mouvement et s'embrassèrent. Nerva ferma les yeux et succomba au bonheur qu'il touchait enfin du bout des lèvres. Il se gorgeait de la tendresse que Kalam transmettait dans ce baiser d'une infinie douceur.
On l'arracha à celui qui était devenu tout son monde alors qu'il se détendait enfin. Il reçut un coup au visage et sa lèvre supérieure éclata sous l'impact. Il chancela mais ne s'effondra pas, malgré son état de fatigue. Ses réflexes de soldat le maintinrent debout et il se plaça en position de combat par instinct.
Ses poings se figèrent face au visage furieux de Reydan. Kalam ressemblait à son père presque comme un jumeau pourtant Nerva ne parvenait pas à apprécier cet homme. Il furetait en permanence dans la forteresse, comme s'il recherchait secrètement quelque chose. Il n'aimait pas non plus la peur qu'il provoquait chez Kalam, cette façon qu'il avait de rabaisser son fils. Ne se rendait-il pas compte que Kalam était exceptionnel ?
- Petit pervers tordu, siffla Reydan. Ne touche pas à la chair de ma chair !
- Père, c'est un malentendu ! C'est moi qui...
- Silence Kalam. Je ne veux rien entendre sortir de ta bouche. Je t'apprendrais comment doit se comporter un Hérance une fois que j'en aurais fini avec cette erreur de la nature.
Il leva la main et Nerva déglutit. La colère qui habitait le guerrier balaierait ses maigres défenses comme un coup de pied envoie valser un gravillon. Sa faiblesse l'empêcherait de bloquer le coup, ainsi que ceux qui suivraient. Il se résigna vite : il avait l'habitude des violences physiques. En tant que jumeau du dragon noir, il en avait reçu tout au long de son existence de la part de ceux qui le craignaient. Sauf qu'aujourd'hui c'était la haine qui animait le bras de Reydan, pas la peur.
Il ferma les yeux et pria les dieux que tout se termine vite et que Kalam détourne le regard de ce spectacle pitoyable. L'air siffla lorsque la main du guerrier Hérance s'abattait sur lui. Il se raidit en attendant l'impact. Il entendit un choc, celui de la chair qui rencontre la chair, sans que la douleur éclate sur son visage.
Un cri de surprise échappa à Reydan, un grognement de douleur à Kalam. Nerva, déboussolé, écarquilla les yeux face à ce qui se passait. Son ami se dressait entre son père et lui, il avait reçu le coup à sa place ! Des gouttes écarlates s'écrasèrent dans la neige. Kalam siffla d'une voix vibrant de rage :
- Je t'interdis de lever la main sur lui.
Il attrapa le poignet de Nerva et le tira à sa suite, vers la forteresse. Le jeune homme peina à se caler sur son pas, les forces sapées par les récents événements.
- Doucement Kalam, je n'arrive pas à suivre le rythme...
Le jeune guerrier s'arrêta et posa un genou à terre.
- Monte vite sur mon dos, avant que mon père reprenne ses esprits et se lance à notre poursuite.
Nerva ne se le fit pas dire deux fois. Il s'accrocha au cou de Kalam en veillant à ne pas l'étrangler. Son ami passa les mains sous ses jambes pour le soutenir et s'élança vers la forteresse d'Amaris. Derrière eux, Reydan vociféra. Nerva jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et son sang se glaça dans ses veines.
- Kalam, à gauche !
Le jeune homme bondit dès la fin de son ordre. La lance se planta dans la neige, à un pas de là où ils se tenaient une respiration avant. Kalam redoubla d'efforts sous le coup de la panique. Il hurla dès que les gardes en haut des remparts furent en vue :
- Aidez-nous ! Mon père est devenu fou ! Il nous attaque !
L'arrivée d'un Reydan furieux avec sa lance à la main donna assez de crédit à son récit pour que les archers perchés en haut des remparts bandent leur arc en direction du Hérance.
- Halte !
Reydan les ignora. Une flèche siffla dans l'air et se figea aux pieds du guerrier du désert. L'archer responsable de celle-ci en encocha une deuxième et cria :
- Premier avertissement. Si vous persistez dans cette voie, ma prochaine flèche percera votre jambe. Arrêtez-vous.
Reydan jura mais freina sa course pour entamer des négociations avec les gardes. Kalam en profita pour traverser la cour de la forteresse au pas de course. Il atteignait presque l'hôpital quand la voix de Reydan retentit à nouveau :
- Kalam Amayaz ! Je t'ordonne de ne pas effectuer un pas de plus si tu ne veux pas que je te renie !
Des passants s'immobilisèrent et observèrent la scène de loin, intrigués par les éclats de voix du guerrier. Kalam déposa délicatement Nerva au sol. Le jeune homme eut peur de ce que son ami allait faire. Céderait-il à son père, une fois de plus ? A la place, Kalam décrocha sa lance et la jeta aux pieds de son père.
- Inutile de te fatiguer. C'est moi qui renie mon statut de guerrier et ma place chez les Hérances.
- Tu es devenu complètement fou ! s'époumona son père. Cet homme t'a manipulé, il t'a retourné la tête !
- Non, il m'a ouvert les yeux. Je n'ai jamais été aussi lucide de toute ma vie. Ma place n'est pas dans le désert : elle est avec Nerva. Tu rentreras sans moi.
- Tu es une honte ! s'écria Reydan.
Kalam haussa les épaules avec une désinvolture qui épata Nerva. Il n'en revenait pas que son ami tourne le dos à tout un pan de son existence pour lui, rien que pour lui. Son cœur fondit face à cet acte qui en disait plus long qu'un discours. Ce n'était ni le lieu ni le moment pour un élan de romantisme mais Nerva ne pouvait s'en empêcher.
- Je suis peut-être ta honte mais tu es la mienne, lança le jeune homme à son père. Moi je suis honnête dans ce que je veux être, dans ce que je ressens. Toi, tu t'es caché toute ta vie. Tu as menti et tu as blessé celui qui avait placé toute sa confiance en toi. Je refuse de te ressembler.
Kalam l'aida à se relever mais son père n'avait pas dit son dernier mot.
- Tu joues le fier mais est-ce que tu sais réellement ce que c'est que d'aimer quelqu'un du même sexe que le sien aux yeux de la société ? Tu veux que je crie ton petit secret devant ces gens ? Tu verras comment ils réagiront. Ils te pointeront du doigt, tu deviendras une abomination à leurs yeux.
Kalam échangea un regard rapide avec Nerva avant de répondre sereinement :
- Je me fiche de l'avis des gens. Je me suis rendu malheureux à cause de ce qu'on pouvait dire de moi déjà trop longtemps à mon goût. Je n'ose pas imaginer à quel point tu es aigri Reydan. A force de te cacher tu n'es plus que l'ombre de toi-même. N'essaie pas de me ramener dans le désert. Ma décision est prise et je ne reviendrais jamais dessus.
Son ami l'entraîna dans l'hôpital, peu bondé en ce début de matinée, et Reydan ne le suivit pas. Les médecins vaquaient à leurs occupations mais l'un d'eux les remarqua et demanda :
- Blessure d'entraînement ?
- Agression, répondit laconiquement Kalam.
Le médecin haussa un sourcil mais se garda de les questionner ou d'émettre un commentaire. Il les guida jusqu'à un lit inoccupé.
- Je vais chercher du baume pour apaiser vos plaies. Ne bougez pas.
Nerva s'assit au bord du lit et Kalam se laissa tomber à côté de lui, les yeux dans le vague.
- Merci d'avoir pris ma défense, lui sourit le jeune homme. Sans toi mon visage serait une belle bouillie rouge.
- Ne dis pas de bêtises ! Comme si j'allais laisser mon abruti de géniteur se défouler sur toi sans lever le petit doigt ! J'ai eu une peur terrible quand il t'a frappé la première fois ! Tu n'as pas trop mal ?
- Un peu mais j'ai connu pire.
Kalam attrapa son menton et examina sa lèvre fendue. Le jeune guerrier effaça un peu de sang qui encrassait son menton du bout des doigts. Il déclara avec un sourire qui lui arracha une grimace à cause de son entaille, pile au même endroit que celle de Nerva :
- Ça te donne un petit côté sauvage comme ça. J'aime bien.
- Je peux en dire autant de toi. Regarde-nous : on dirait que nous venons de nous battre.
Kalam rit tout bas. Nerva chérissait ce son plus que n'importe quel autre au monde.
- C'est toujours plus glorieux que d'avouer que Reydan nous a frappé comme deux gamins fautifs.
Le médecin revint avec un pot de baume mais aussi un bol d'eau tiède et un linge.
- Nettoyez vos plaies avant d'appliquer le baume. N'hésitez pas à en mettre une bonne couche, ça vous protégera aussi du froid lorsque vous sortirez.
Le duo acquiesça et le remercia. Kalam tira les rideaux autour d'eux pour les dissimuler au reste de la salle. Il attrapa le tissu humide et s'installa en tailleur face à Nerva. Il nettoya ses lèvres et le tour de sa bouche avec des gestes délicats. Nerva frissonna de bonheur, les yeux mi-clos. Kalam dégageait une puissance inébranlable avec sa grande taille et ses épaules larges pourtant c'était une montagne de douceur.
Le jeune homme oublia son mal-être des derniers jours, tout comme l'événement qui les avait brièvement éloignés. Il n'y avait plus que les traits soucieux de Kalam, ses doigts qui se promenaient le long de son visage. Le désormais ancien Hérance le dorlota sans un mot jusqu'à ce que Nerva décide que c'était son tour de prendre soin de Kalam.
Il ôta le sang qui maculait sa peau caramel ainsi que la sueur qui perlait sur ses tempes. Les yeux de Kalam le dévisageaient comme si son ami cherchait la réponse à une énigme et il ne résista pas longtemps à leur attraction. C'est comme si Kalam lui hurlait de le rejoindre et de ne jamais se détourner. Nerva céda, peu contrariant et sensible aux demandes informulées du guerrier.
Il s'empara de sa bouche blessée avec légèreté, pour que la pression ne ravive pas la douleur. Kalam referma ses bras autour de sa taille. Nerva ne résista pas à l'envie de glisser une main le long du dos de Kalam, sous ses vêtements, pour savourer la douceur de sa peau.
Ce dernier ne s'en plaignit pas et il le sentit frissonner au passage de ses doigts. Il conserva un minimum de retenue et brida son désir car ils étaient dans un lieu public. Sans quoi il aurait sans doute essayé de prolonger cette étreinte plus que plaisante, étourdissante.
Ils se séparèrent après un long baiser, hors d'haleine.
- Il faut qu'on parle de ce qui s'est passé durant la tempête de neige, déclara Kalam.
Nerva ne rougissait pas facilement mais la honte liée à ce moment dans la grotte embrasait ses joues à coup sûr. Kalam demanda très sérieusement :
- Est-ce que je t'ai fait du mal ?
La surprise empêcha Nerva de répondre. Qu'est-ce qu'il lui chantait ? Pourquoi est-ce qu'il inversait les rôles ? Kalam prit ses mains dans les siennes et expliqua en lui caressant le dos des mains avec les pouces.
- J'ai été un parfait idiot. Je n'aurais pas dû boire autant. Je n'ai pas l'habitude alors j'ai mal supporté l'alcool...Je ne garde aucun souvenir de ce qui s'est passé après que tu m'aies embrassé mais quand je me suis réveillé, tu étais nu à côté de moi...Je eu peur de t'avoir forcé et que tu ais accepté par gentillesse...Et lorsque j'ai vu que tu m'évitais après au point de te couper du reste du monde...J'ai décidé de partir pour ne plus t'infliger ma présence.
Nerva n'en croyait pas ses oreilles. Kalam ne le détestait pas et ne l'avait jamais détesté. Il avait mal interprété la situation, au point de s'en aller pour le bien-être de Nerva. Le jeune homme pinça les lèvres. Kalam continuerait-il de lui accorder sa confiance lorsqu'il apprendrait la vérité ? Il serra les mains de Kalam pour se donner du courage.
- Tu n'as rien fait. C'est moi, comme j'ai essayé de te le dire tout à l'heure. Tu avais bu et j'ai vu là une occasion...Une occasion horrible d'obtenir du plaisir facile, pendant que tu baissais ta garde.
- Donc nous avons...Enfin tu sais...Je n'ai pas besoin de te faire un dessin !
- Non, je n'ai pas été pervers à ce point-là...Je t'ai juste demandé de...
Il se pencha à l'oreille de Kalam pour lui chuchoter la suite, trop honteux pour l'énoncer à haute voix. Au lieu de tempêter, de le repousser et de le traiter de détraqué, Kalam écarquilla les yeux et demanda :
- Et ça donne du plaisir ? Je l'ignorais !
- Je l'ai découvert un peu par hasard mais le problème n'est pas là ! Kalam, je t'ai demandé de le faire alors que tu étais sous l'emprise de l'alcool...
- Et alors ? J'ai dit oui, c'est tout ce qui importe. Je suis un peu déçu de ne pas avoir vécu ce moment en pleine possession de mes moyens mais il n'y a pas de vrai problème si je regarde de plus près. Ce n'est pas de l'abus si je suis consentant.
Nerva peinait à suivre la logique de Kalam. Ce dernier paraissait avant tout soulagé, voire heureux. Un début de sourire étirait ses lèvres vers le haut et Nerva secoua la tête.
- Tu es fou !
- Sans aucun doute si j'ai souhaité retourner dans le désert juste pour tes beaux yeux ! Je te suis entièrement dévoué Nerva, corps et âme. Je resterais à tes côtés aussi longtemps que tu accepteras ma compagnie.
Nerva hésitait entre la tendresse et l'exaspération. Il refusait d'enchaîner Kalam à sa pitoyable existence.
- Ne me regarde pas avec ses yeux là, soupira Kalam.
- Quels yeux ?
- Les yeux de celui qui s'apprêtent à refuser à contre-cœur. Le temps où tu pouvais m'éloigner est révolu Nerva. Nous avons franchi un point de non-retour, tu ne le sens pas ? Ne porte pas ton fardeau tout seul, je peux le soutenir avec toi. Ensemble nous serons plus forts !
Nerva posa son front sur l'épaule de Kalam. Il arrivait toujours à trouver les bons mots. Présenté par son point de vue, l'avenir s'éclaircissait tout à coup. Il donnait de l'espoir à Nerva. Celui-ci protesta, pour la forme :
- Nous ne vivrons pas une grande idylle passionnée. Des tas d'obstacles se dresseront sur notre route, à commencer par l'arrivée de Noximence et Phosphoméra. Rien ne dit que je survivrais à cette confrontation.
- Tu n'arriveras pas à me faire changer d'avis. Je suis fou, comme tu te plais à me le répéter. Dès qu'il s'agit de toi, je deviens insensé. Sache, mon très cher Nerva, que je t'accompagnerais jusqu'à la fin. L'issue n'a pas d'importance, tant que je la vis à tes côtés.
Kalam l'attira contre lui et Nerva se gorgea de sa chaleur sécurisante. Son instinct lui criait que Kalam ne mentait pas. Il ne l'abandonnerait jamais et se dresserait auprès de lui jusque dans ses derniers instants.
La fin du monde lui parut aussitôt moins épouvantable à affronter.

Chevalier dragon, tome 4 : La guerre d'AmarisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant