Chapitre 1

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Je marche le long d'une rivière au cœur de la forêt. Le spectacle est magnifique, le soleil se lève lentement et parsème sa douce lumière dans les bois. L'herbe haute, encore humide sous mes pieds nus, me caresse agréablement la peau et je sens chaque goutte d'eau glisser le long de mes chevilles. Le vent frais ébouriffe ma chevelure noire et je savoure dans son voyage le doux parfum de la sève.
Une voix m'interpelle.
Je n'entends pas le prénom, mais je devine qu'il s'agit du mien, que l'on me cherche. J'accélère l'allure et me rapproche de l'endroit d'où provenait le son. Ma robe blanche s'envole au rythme de mes pas et le décor se floute à mesure que j'accélère.
Une femme se tient devant moi. Je m'arrête immédiatement.
Elle est tellement splendide que j'en ai le souffle coupé. Le sourire aux lèvres et le regard rempli d'amour, elle m'intime de m'approcher. C'est ma mère. Je ne reconnais pas son visage, mais je sais que c'est elle. J'en ai la certitude.
Je l'observe plusieurs secondes, curieuse. Elle porte la même robe que moi, elle me ressemble. Son teint est pâle et ses yeux sont aussi clairs que les miens. La chevelure sombre tombant sur ses épaules encadre parfaitement son visage. Un visage angélique. Je la dévisage de plus belle, intriguée, puis elle me tend les bras pour que je m'y blottisse.
J'hésite quelques instants, intimidée, avant de m'y lancer avec fougue.
— Il est 6 heures du matin ! Vous êtes priés de vous rendre en salle de réveil ! Les numéros 622, 714 et 912, vous êtes tenus de regagner la salle des règlements !
Le haut-parleur du dortoir me réveille en sursaut. Le cœur battant à tout rompre, j'ouvre fébrilement les yeux et observe ma voisine de droite.
— 900 ? Tout va bien ? s'inquiète-t-elle tout en glissant gracieusement de sa couchette.
Je lui adresse un signe de tête distrait tout en quittant mon lit trempé de sueur. Je viens de vivre un rêve des plus agréables bien qu'étrange et en comparaison, la réalité dans laquelle je me réveille ne me ravit pas. Ce n'est pas la première fois que je vis cette scène au milieu des bois, mais cette nuit je n'étais plus seule, cette femme m'y attendait.
Je lève les yeux au plafond. Une impressionnante horloge surplombe l'ensemble du dortoir, affichant en chiffres l'heure exacte puis plus bas un décompte indiquant le temps que nous devons prendre pour nous rendre d'un point A à un point B. Le compte à rebours est lancé et à présent il ne me reste que 9 minutes et 25 secondes pour atteindre la salle de réveil et presque toutes mes camarades sont déjà habillées.
J'accélère le rythme, encore tremblante de mon réveil agité, et me dirige vers mon casier placé au milieu des cent autres répartis aux extrémités du dortoir. Notre garde-robe n'a jamais été très variée. Presque tous nos vêtements sont noirs ou gris et cela me convient, l'uniformité apaise. J'enfile rapidement un pantalon noir et un débardeur de la même couleur. Nous sommes tout juste en été et ici, la chaleur se concentre comme dans une serre. Il me reste moins de trois minutes. Je m'attache grossièrement les cheveux en un chignon déstructuré et rejoins mon amie 899. Je l'observe se maquiller avec soin, fascinée par tant de concentration. Elle colore ses lèvres, puis ses joues, des quelques produits dont nous disposons à l'orphelinat. Elle semble y accorder une importance toute particulière, comme si notre apparence comptait, ici, alors que depuis toutes petites nous ne vivons qu'entre filles.
Le décompte indique 1 minute, le temps exact nécessaire pour arriver en salle de réveil. Cette immense enceinte est celle où nous prenons nos repas et nos traitements. Elle accueille cinq interminables tables regroupant chacune les cent jeunes filles d'un même dortoir. Au centre, une table en bois installée sur une estrade nous surplombe : celle de nos mentors. Elles sont déjà assises, silencieuses, et nous observent prendre place à notre tour.
L'alarme se met à sonner, les minutes sont enfin écoulées, et la régente, doyenne de notre orphelinat, prend la parole.
— Mes chères filles, aujourd'hui est le premier jour de l'été, et comme vous le savez, dans un mois à compter de ce jour vous aurez toutes dix-sept ans. Dix-sept années charmantes que nous avons déjà passées ensemble. Hélas, notre grande famille va devoir se séparer, mais n'ayez crainte, nous avons trente jours pour vous y préparer.
Depuis ma naissance, je vis dans cet endroit que l'on appelle l'orphelinat. En mars 2020, une pandémie a ravagé l'ensemble de la population et seuls mille nouveau-nés non contaminés ont pu être sauvés par quelques rescapés. Je leur dois la vie. Nous n'avons pas de nom, nous portons tous des numéros. Cela aurait été une perte d'énergie et de temps que de nous affubler d'un quelconque pseudonyme superflu. À l'époque, il était question de sauver l'humanité, et pour cela, il fallait aller à l'essentiel.
Les filles portent des numéros allant de 501 à 1000 et moi je suis le numéro 900. Ma meilleure amie s'appelle 899 et depuis ma naissance je partage chaque moment à son côté, car nous sommes contraintes de rester dans l'ordre des numéros qui nous ont été attribués. Nous ne vivons qu'entre femmes, nous n'avons jamais vu d'hommes. Nous savons qu'ils existent et qu'ils sont les cinq cents survivants qui nous précèdent, mais il a toujours été défendu d'entrer en contact avec eux. Selon les plus curieuses, ils vivraient à un kilomètre de chez nous, dans une structure identique à la nôtre. Un copier-coller de notre propre foyer.
— Je vous prierais de bien vouloir prendre votre traitement, nous ne souhaitons pas que l'épidémie refasse surface. Votre réinsertion doit être un succès et pour cela il nous faut rester prudentes ! Mes filles, Bon appétit !
Dans un mouvement de synchronisation parfaite, chacune d'entre nous avale sa pilule. Le geste reste le même, chaque fois. L'horloge affiche la même heure, chaque jour, et le silence qui suit est toujours aussi solennel. Puis l'alarme sonne de sa douce mélodie : le petit-déjeuner peut commencer.
Ce matin, nous avons droit à de la confiture d'abricot sur nos tartines, le printemps nous a offert de beaux fruits cette année, après un hiver long et rude. Alors c'est sans hésiter que je me ressers, tout en veillant à ne pas en abuser. Je bois d'une traite mon verre de lait et attends patiemment la fin du repas pour connaître l'emploi du temps de la journée.
Au plafond, le décompte indique 8 minutes 32 secondes, c'est le temps qu'il reste aux autres filles pour terminer leur petit-déjeuner et c'est souvent bien assez. La salle est sombre malgré le marbre blanc qui la recouvre du sol au plafond. Elle est spacieuse et les quelques fenêtres qui l'encadrent sont en permanence recouvertes de rideaux bruns opaques, nous privant de la distraction futile des jardins. Seuls de faibles éclairages encerclant le décompte horaire et les bougies à nos tables offrent un semblant de luminosité à ce premier matin d'été.
Je ne peux m'empêcher de détailler cette salle avec admiration. Elle est majestueuse et rien ne pourra jamais l'égaler. Au-delà de la beauté qu'elle dégage, elle foisonne de souvenirs précieux.
Mon ventre se serre, créant un spasme douloureux dans mon estomac repu. Tout ceci me manquera terriblement. Où va-t-on nous emmener ?
Cette question demeure sans réponse depuis des années. Nous n'en avons aucune idée et quelque part, il est préférable que nous soyons maintenues dans l'ignorance. La douleur de notre départ est déjà suffisamment déchirante. L'orphelinat est ma maison, je ne l'ai jamais quitté. Je ne sais rien du monde extérieur et je crois, au plus profond de moi, que je ne souhaite pas le connaître.
Mais rien ne sert d'imaginer l'avenir. Il viendra à moi bien assez vite.
L'alarme m'extirpe aussitôt de mes pensées. Au même instant, la régente s'éclaircit la voix avant de prendre la parole, signe que nous devons lui porter toute notre attention.
— Ce matin, mes filles, il y a un léger changement de programme. En effet, nous débutons enfin le premier cours de réinsertion. Il sera dispensé par une suppléante et moi-même. Veuillez me suivre dans la salle de conférence. Bien entendu, 501, vous ouvrez la marche.
Comme à notre habitude nous déposons en chemin nos plateaux-repas sur des étagères prévues à cet effet. Et comme chaque fois, je plains les quelques filles punies qui se chargeront de les nettoyer. Je ferme la marche et mon amie 899 se tient devant moi. Elle a une allure très féminine, une silhouette fine et des cheveux châtains impeccablement soignés. Je me demande une fois de plus pourquoi elle prend autant de temps à s'apprêter. Elle possède une élégance naturelle qui se passerait largement de tous ces artifices.
Nous rejoignons la salle de conférence : là où sont dispensés la majorité de nos cours. Une fois que nous sommes toutes installées, la suppléante prend la parole avec assurance.
— Bien, mes sœurs. Nous sommes aujourd'hui le 1er juin et dans un mois vous quitterez définitivement l'orphelinat. Aussi, vous avez besoin de connaître les clefs de la réussite pour pouvoir être la meilleure génération réparatrice de notre monde. En effet, comme vous le savez, vous êtes mille jeunes adultes séparés en deux groupes. D'un côté les femmes, de l'autre les hommes. Nous vous avons élevés dix-sept longues années durant lesquelles nous vous avons inculqué d'importants principes : la discipline et le travail. Nous vous avons également appris à vous débrouiller seules, à gérer vos émotions. Depuis votre naissance, nous vous avons instruites, enseigné l'unité et imposé des règles d'hygiène strictes. Aussi, nous sommes fières de constater que notre première mission est un succès. Vous êtes aujourd'hui bien plus fortes et robustes que ne l'étaient vos ancêtres. Dès le plus jeune âge, il était également important de faire de vous des femmes semblables, de créer une communauté uniforme afin de bannir toutes les discriminations de notre monde passé. Vous êtes toutes des sœurs et vous vous devez soutien et loyauté. Maintenant que tout ceci vous a été rappelé, je vais laisser la régente poursuivre...
— Merci. Bien, mes filles, voici le plus important. Dans un mois, vous intégrerez une ville. Semblable à celles étudiées durant vos cours d'histoire. Pendant ces dix-sept années, une ville a été reconstruite pour accueillir la génération réparatrice, autrement dit : vous. Nous avons créé cinq résidences de cent appartements, chacune à des endroits différents de la ville. Pour vous éviter trop de dépaysement, nous avons pris le soin de vous loger dans l'ordre habituel de vos numéros. Vous vivrez donc au sein de la même résidence que vos camarades de dortoir. Par la suite, lorsque la réinsertion sera un succès, il vous appartiendra de prendre votre envol. Mais... ne brûlons pas les étapes. Durant la première année, vous effectuerez quelques heures de formation par semaine, afin de vous initier à votre futur métier. Le reste du temps vous appartient. Dans cette ville, vous serez mélangées aux hommes de l'orphelinat voisin. Vous les côtoierez si vous le souhaitez...
Elle se tait un instant. La salle de conférence est silencieuse et l'ensemble de mes camarades ont les yeux rivés sur notre mentore, bouche bée. Et je reste aussi stupéfaite et terrorisée qu'elles.
Comment allais-je pouvoir vivre autrement qu'ici ? Le mot « réinsertion » était devenu tellement banal à force de nous le rabâcher depuis la naissance que j'avais sous-estimé l'impact qu'il aurait sur nos vies. Mes mains sont moites et je me surprends à trembler. Est-ce de peur ? D'excitation ? Je me sens pourtant impuissante, car je ne serai jamais en mesure de m'opposer à ce qui est devenu une évidence : nous sommes la génération réparatrice, nous avons une mission et même si je n'en ai toujours pas bien saisi le sens, j'ai confiance en mes mentores et mes mentores ont confiance en moi.
Je sors de ma nouvelle rêverie lorsque la régente reprend son discours après son long silence. Cette fois-ci d'un ton plus grave.
— Mais, mes filles, nous ne vous avons pas tout dit. Vous n'êtes pas seules. J'entends par là qu'il y a plusieurs générations réparatrices. En réalité, il y en a trois.
Soudain, ce n'est plus le silence qui nous enveloppe, mais les battements de cœurs affolés, les exclamations à peine retenues de mes sœurs et l'agitation générale. La dernière phrase de la régente semble résonner encore dans la grande salle, se répercutant contre les murs comme un interminable écho.
Il y en a trois.
Je suis abasourdie. Le choc est tel que j'en ai perdu le souffle. Ma vue se trouble, mon ouïe s'amenuise, créant dans mon crâne un bourdonnement insupportable. J'aimerais porter les doigts à mes tempes pour apaiser cette douleur, mais je suis paralysée. Mon corps ne m'obéit plus, le temps est suspendu, à l'arrêt, comme mon cœur soudainement hors service.
Elles nous ont menti ?
Ce qui me sort de ma torpeur, c'est la main de 899 pressée contre la mienne, redonnant chaleur à mon corps vidé et froid.
C'est avec une légère inspiration que je reprends connaissance, constatant enfin le trouble général qui nous entoure. Alors que l'attente est insupportable, la régente nous fait taire d'un signe discret avant de reprendre :
— Un deuxième programme a été organisé par un confrère qui ne partageait pas mes méthodes. Je prône la discipline, il prône le libre arbitre. Sachez que vous serez mélangées à cette deuxième communauté. Une communauté qui vit depuis dix-sept ans sans règles de conduite. Chaque enfant a été libre de ses choix dès le plus jeune âge. Les hommes et femmes grandissent ensemble depuis toujours et vivent sans limites. Ces hommes et femmes sont vicieux, dangereux, anarchiques, et c'est à ça, mes filles, que je vais devoir vous préparer... La troisième génération, elle, est très pieuse. Elle vous ressemble sur bien des points. Cette communauté n'est pas une menace pour vous. Nous n'avons pas étudié leurs croyances, mais nous savons qu'ils ont été élevés dans la spiritualité et l'ordre. Ils sont peu nombreux et très discrets, nous pensons même que vous ne les croiserez pas les premiers mois. Voici l'essentiel, nous y reviendrons plus en profondeur lors des prochains cours. Si vous avez des questions, je serai ravie d'y répondre.
À la fin de ses paroles, le silence qui règne me paraît cette fois-ci beaucoup plus sourd et étouffant. Je n'avais jamais ressenti autant de colère auparavant. Ce sentiment nouveau s'éveille en moi avec tant d'ardeur qu'il me faut réunir toutes mes forces pour ne pas hurler. Je n'ose observer mes camarades, mais je perçois tout de même le regard de 899 se fixer sur moi avec insistance et je peine à le confronter. Après un long soupir peu libérateur de tant de frustration, je pose enfin mes yeux sur elle. Elle me serre la main plus fermement et ce contact me rassure aussitôt. Je ne serai pas seule. Jamais. Elle demeurera à mon côté tout au long de cette aventure.
Pour notre communauté, les liens se doivent d'être superficiels. Pourtant, 899 et moi-même avons créé une amitié bien réelle. Nous ne dévoilons rien de nos émotions ni de nos pensées, mais à force de vivre ensemble nous avons appris à nous connaître différemment. Je la devine au travers de ses regards bien plus que par ses paroles. Et tout comme moi, elle est terrorisée.
Une fille de notre dortoir lève maladroitement la main et lorsque notre mentore lui fait un signe d'approbation, elle prend la parole.
— Je m'interrogeais, ose-t-elle timidement. Pourquoi ne pas travailler durant la première année de réinsertion ? Que ferons-nous dans ce cas ?
Est-ce réellement le plus important après ce que nous venons d'apprendre ?
— C'est une question intéressante, 843. En effet, le but premier est de vous adapter à ce nouveau mode de vie, d'appréhender les lieux, de vous créer une identité propre. La deuxième raison est que vous êtes encore trop jeunes pour participer à l'économie de cette ville et la faire tourner correctement. Pour cela, il faudra continuer de suivre un enseignement en attendant votre dix-huitième année, mais malheureusement, nous ne ferons pas partie de cette dernière phase de votre apprentissage. Le conseil estime que notre rôle s'arrête ici.
Le conseil.
Nous n'avons que très rarement entendu parler du conseil et même si les mots me brûlent les lèvres, poser une question à ce sujet me vaudrait les foudres de la régente. Ici, il y a des sujets qui doivent rester sous silence, celui-ci en premier.
J'observe le plafond au même moment, poings serrés, il reste 3 minutes avant la fin du cours et même si l'idée de partir d'ici m'est insupportable, je veux en savoir plus.
— J'ai moi aussi une question, lance une élève du fond de la salle.
Sa voix tremble si fort que j'en ai la chair de poule.
— Si nous ne travaillons pas, qui fera tourner la ville ? Qui sera responsable de nos enseignements ? Si nous manquons de quelque chose, où nous approvisionnerons-nous ? Pour nos traitements ? La nourriture ? Retrouverons-nous les mêmes choses qu'ici ? Une bibliothèque ? Une salle de projection ?
— Ma fille, l'interrompt calmement la régente, si vous continuez ainsi je n'aurai guère le temps de répondre à toutes vos interrogations. Bien, soyez certaines que vous ne manquerez de rien, les membres du conseil ont employé divers intervenants qui se chargeront de vos enseignements et de vous réapprovisionner chaque semaine. En cas de soins urgents, une clinique a été construite dans le centre-ville et vous pourrez vous y rendre si besoin. Concernant les activités de la ville, vous en trouverez bien plus que dans l'orphelinat. Malheureusement, elles seront organisées pour la plupart par la deuxième génération. Ses membres sont plus nombreux que vous et même si la majorité d'entre eux a dix-sept ans également, une partie est plus âgée. Chez eux, plusieurs centaines d'enfants ont pu être sauvés avant la contamination et ceux-ci ont l'âge de travailler. Les plus anciens avaient huit ans lorsque le programme a démarré, aujourd'hui ils en ont vingt-cinq.
Après un dernier regard sur le décompte, la régente poursuit :
— Ne vous en faites pas, il nous reste trente jours pour vous préparer à ce qui vous attend, mais nous avons confiance. Nous avons fait de notre mieux pour que vous deveniez le modèle d'un futur sain et exemplaire et nous comptons sur vous pour perpétuer nos valeurs. Merci à vous, le cours est terminé.
Au même moment, l'alarme sonne et cette fois-ci, sa mélodie me crispe, m'agace. Nous sommes toutes invitées à rejoindre la salle de réflexion.
À l'inverse de la salle de conférence qui est d'une architecture ancienne, faite de pierres et de poutres en bois, celle-ci est moderne et dispose de centaines de sièges sur lesquels nous pouvons nous reposer et enfin nous mélanger. C'est l'unique lieu où nous ne sommes pas contraintes de nous installer dans l'ordre ni tenues de nous taire.
— D'autres générations... soupire 899, prenant place sur l'un des fauteuils.
— La régente dit qu'ils sont sans limites, qu'ils n'ont reçu aucune éducation... Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'ils se comportent comme des animaux ?
Je suis incapable de les imaginer. Et je m'efforce de ne pas y songer plus, car des images de violences et d'horreurs me font aussitôt trembler.
— Nous en saurons plus durant ces trente jours...
Malgré le calme de sa voix, 899 ne tient pas en place. Elle gesticule sur son siège et malmène sa chevelure habituellement soignée.
— Peu importe, poursuit-elle, un sourire amer déformant ses lèvres rouges. On sera toutes les deux. Nous vivrons côte à côte comme toujours. Je serai là pour toi et tu seras là pour moi, c'est tout ce qui compte. N'est-ce pas ?
Je lui décoche un sourire. Un vrai. Sans elle, je n'y arriverais pas. On a beau nous enseigner l'indépendance, la savoir à mon côté rend l'avenir moins pénible.
Après la salle de réflexion, nous avons gagné la salle de repos pour déjeuner et prendre notre traitement. Par la suite, nous avons suivi le cours de gymnastique prévu habituellement le matin. Après la douche, nous avons dîné rapidement et enfin rejoint nos dortoirs respectifs.
Je suis allongée dans mon lit et la journée me paraît lourde d'informations. Je parviens à peine à me remettre de mes émotions. Je repense à ce qu'aurait été ma vie, sans cette épidémie, si j'avais grandi auprès de ma famille. J'avais une mère auparavant, peut-être était-elle aussi belle que dans mes songes ? Peut-être me ressemblait-elle terriblement ? Je ne le saurai jamais et pourtant je ne peux m'empêcher d'y songer. Avais-je des frères ou des sœurs ? Peut-être aurais-je vécu dans une petite maison au cœur d'une forêt comme celle que j'avais tant appréciée dans mon rêve ?

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Salut à toutes et à tous!!!

Je reviens!! Après une pause très... très longue je vous l'accorde! Je suis enfin de retour sur WATTPAD!

(Avec le travail, les cours.... un peu compliqué pour moi!)

Je modifie quelque peu les premiers chapitres et Attention! J'ai la suite :) 

J'espère qu'elle vous plaira! Je publie dès aujourd'hui du nouveau!!

GROS BISOUSSSS!!!!!!!!!! 


900 : La réinsertion (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant