Chapitre 2

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Je venais a peine d'écraser ce qu'il restait de ma cigarette contre la paroi de mon casier, que la sonnerie retentit, j'attrapai mon sac eastpak et trainai un peu avant de me diriger vers le couloir. Comme d'habitude, je n'avais aucune idée de l'endroit où j'avais cours, je me retournai alors vers Alice, qui avait disparu "oh merde" pensai-je.

Je me mis à sa recherche, elle n'avait pas pu aller en cours sans moi. Elle devait être en train de fumer dans un coin ou je ne sais pas quoi.

Après plusieurs minutes de recherche, je finis par la trouver, planquée dans les toilettes, elle avait ses écouteurs vissés dans les oreilles.
Mais quelque chose n'allait pas.
Ou plutôt quelqu'un. Et cette personne c'est Anna.
Je ne pouvais pas le croire.
Je venais de trouver ma meilleure amie en train d'embrasser une fille que j'identifiais grâce à ses cheveux blonds décolorés en tant que LA pétasse du lycée. Je sentis mes yeux s'embuer mais je ne voulais pas les quitter du regard. Je laissais profiter de leur temps qu'elle pensait intime sans savoir que je les observais, j'admirais le visage d'Alice, rayonnant, pour la première fois, elle avait l'air heureuse. Jamais je n'avais su la rendre aussi rayonnante que le fait Anna. Pendant un moment, j'ai même été contente pour elle. Mais la raison me revint et au même instant, elles relevèrent la tête chacune leur tour.

Lorsqu'Alice m'aperçut, elle écarquilla les yeux et marmonna "et merde...". Je projetai pendant un instant de partir en courant mais je restai plantée là, le visage dur, attendant sa réaction. Elle se ruai aussitôt vers moi et m'attrapa les épaules, je me laissai faire, elle se mit à se confondre en excuses et finis par me dire "C'est pas ce que tu crois". À ces mots, je sentis un frisson me parcourir l'échine, mon sang commença à se réchauffer dans mes veines, je suis presque sure que mes pommettes ont rougi à un moment ou à un autre. Je lui criai des paroles que je regrettai presque immédiatement après les avoir dites " C'est sur que si tu n'étais pas en train d'embrasser une fille, que tu es censé détester soit dit en passant, dans les toilettes du lycée, alors, non, ce n'est pas ce que je crois !". Elles ne savaient plus quoi dire. Ni elle, ni sa "petite amie". Anna consulta alors sa montre Michael Kors "Euh, c'est pas qu'on est un peu en retard, c'est qu'on est extrêmement en retard ! Il est 8h45..."

Pendant que l'on montait les escaliers qui nous amenaient en cours de français je chuchotai à Alice : "Tu aurais pu me dire que tu étais lesbienne, je m'en fiche, ça ne changera rien, je veux juste que tu saches que je suis parfaitement hétéro et que je ne sortirai pas avec toi". Ça l'a détendue, j'ai vue ses épaules se relacher sous les lanières de son sac, elle esquissa même un sourire nerveux et chuchota "Merci.."

La prof, ne voulut pas nous ouvrir la porte, et nous traîna dans le bureau du directeur "mais on était aux toilettes !" lui assurai-je, ce qui n'était pas réellement un mensonge. Mais elle ne voulut pas nous croire " Vous sentez la clope à plein nez, n'essayez pas de me faire avaler vos conneries !". Derrière moi j'entendais Anna et Alice, planifier la manière dont elles allaient se débrouiller pour se faire virer de ce lycée un peu trop strict à leur goût. Je décidai de me joindre à la conversation, "Après tout, je n'ai plus rien à perdre" murmurai-je et Alice me lança un regard plein de remords.

Chronique d'une lesbienne refouléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant