La fête (Parcours Vert)

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« Les Lustres », c'est l'œuvre que j'ai le plus aimée du parcours d'hier. Même si je ne vous donne pas de nouvelles en direct, hâte de partager les photos avec vous »

« Les Lustres », c'est l'œuvre que j'ai le plus aimée du parcours d'hier. Même si je ne vous donne pas de nouvelles en direct, hâte de partager les photos avec vous ». Cela fait partie des nouvelles quotidiennes de Lucie que reçoivent Aude et Rachel.

Après avoir effectué les parcours au feeling (premier jour parcours 17 à 30, le deuxième jour, parcours de 9 à 16) aujourd'hui, samedi 7 décembre, ce sera court car il n'y a que deux œuvres (les 31 et 32) qui, d'après le plan, sont assez éloignées l'une de l'autre.

En chemin, le long des berges du Rhône, sur sa rive gauche, la très belle oeuvre-passerelle n° 31. Les deux jeunes filles flânent tranquillement sous les lucioles éphémères qui dansent dans les branches des platanes, comme de toutes petites flammes douces et orangées. L'atmosphère intime qui s'en dégage et leur délicatesse est une invitation à la confidence et, pour la première fois, les deux jeunes filles s'ouvrent réciproquement leur coeur, pleinement, sincèrement, sans voiles comme le font deux vraies amies qu'elles sont devenues l'une pour l'autre.

— Dis-moi, Lucie, tu sais que je ne connais pas la Bretagne. Je suis curieuse que tu m'en parles car dans nos échanges SMS des derniers mois, c'était tout le temps moi qui te parlais de moi mais de ton côté tu n'étais pas bavarde.

— D'abord, depuis ton premier message, j'ai commencé à me poser des questions et mon comportement s'en est trouvé changé. C'est un reproche qui m'a fait de plus en plus mon entourage qui n'a jamais été au courant de nos échanges. J'étais comme absente, je ne sortais plus et j'étais toujours avec mon portable à la main, me disait-on. Plus de vie sociale, le monde virtuel masquait le monde réel, paraît-il. En fait, j'étais super excitée à l'idée de te rencontrer un jour, de voir de nouvelles personnes que mon entourage ne connaissait pas et ne connaîtrait peut-être jamais, de voir enfin la fête des Lumières (et maintenant je me dis « de voir La lumière »). J'avais découvert que j'en avais assez des contraintes imposées par le haras géré par mes parents, même si j'aime beaucoup les chevaux. C'était comme si j'avais été confinée de haras en haras depuis toujours. De l'air, de l'air, voici ce que tes messages me disaient. J'avais l'impression qu'en allant à Lyon à ta rencontre, j'allais respirer quelque chose de nouveau.

Je ne saisi toujours pas pourquoi tu m'as demandé de venir, et je ne te le demande pas encore maintenant car j'ai le pressentiment qu'un voile silencieux qui, je le sens obscurément, recouvre ma vie, va se déchirer et j'ai un tout petit peu peur de ta réponse.

Et, de façon tout aussi confuse et profonde en moi, je sais que je ne rentrerai pas en Bretagne après cette fête. Lyon est ma maison parce que tu habites Lyon. Je ne peux pas être plus claire parce que je ne sais pas. C'est indistinct. Il y a quelque chose qui me dit que je ne sais pas et que, toi, tu sais. Est-ce là ta révélation ? Oui, je l'avoue, j'ai peur de la raison pour laquelle tu m'as contactée et invitée. C'est pour cela que je ne t'ai pas posé de questions par SMS et que je ne t'en poserai pas encore aujourd'hui. Les lucioles qui dansent autour de nous en ce moment sont autant de pensées tournoyantes et insaisissables qui envahissent mon esprit.

— Tu es en plein dans le mile. Moi aussi, quand j'étais plus jeune, j'ai eu cette sensation de flou, j' avais comme des souvenirs lointains qui ne semblaient pas m'appartenir. Et maintenant j'ai la quasi certitude que tu es concernée. Prenons notre temps, nous fouillerons ensemble plus tard. Allez, passons à autre chose, nous arrivons au parc de la Tête d'Or, à l'œuvre n° 32, la dernière œuvre à voir pour nous aujourd'hui.

Pas possible ! Elle s'appelle « Regarde ». Allons, allons regarder ensemble, regarder vers l'avenir. Regarde, ce sont des primates de lumières, ils viennent de la nuit des temps, de nos origines à tous. Regarde, ils entrent dans le lac devenu une planète bleue. Oh, regarde, le lac s'enflamme et enflamme nos ancêtres. Mort et naissance, naissance et mort. Oh, Lucie, j'ai comme un frisson, comme un pressentiment. Mort, naissance, naissance, mort. Rentrons s'il-te-plaît.

Meurtre en LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant